L’écriture, pour Siri Hustvedt, est un yonder. Ce mot étrange est, comme elle l’écrit dans Plaidoyer pour Éros, qui paraît enfin en poche chez Babel, un « exemple de magie linguistique : il identifie un nouvel espace – une région médiane qui n’est ni ici ni là –, un lieu qui tout simplement n’existait pas pour moi avant d’être nommé ».
Christine Le Bœuf
Depuis quelques livres, Paul Auster infléchit son œuvre vers une dimension (auto)réflexive : on se souvient de son diptyque autobiographique, en 2013 et 2014, Chronique d’hiver, suivi d’Excursions dans la zone intérieure, pendant mental de ce miroir d’encre, non plus le sexe, les cicatrices, la chair pour tenir la chronique d’une vie mais ce qui, dans son enfance, l’a conduit à devenir lui-même, les expériences fondatrices. L’année dernière paraissait La Pipe d’Oppen, désormais disponible en poche chez Babel, un recueil d’essais, discours, préfaces et entretiens, quatorze textes qui forment un nouveau portrait oblique, en éventail, pour définir son propre art poétique à travers l’analyse de Perec (dans son rapport à Truffaut), André du Bouchet, Nathaniel Hawthorne, Jim Jarmusch et d’autres.
Trois vues en coupe de l’Amérique telle que Paul Auster la met inlassablement en récit, interrogeant son identité, les images et mythes qui la (dé)construisent : Seul dans le noir, Invisible et La vie intérieure de Martin Frost.
En 2011, Siri Hustvedt publiait Un été sans les hommes, aux éditions Actes Sud. Je l’avais rencontrée à Paris pour parler de son héroïne Mia, de ce couple qui se défait après que le mari a fait une « pause » avec une jeune Française et des quiproquos nés de lectures trop autobiographiques de son roman. L’auteure m’avait expliqué son choix d’écrire une « comédie féministe » (et caustique), de partir d’un lieu commun, la femme quittée, si paradoxal puisqu’à l’origine de chefs d’œuvre littéraires. Cet entretien avait été l’occasion de parler plus largement de son rapport à la fiction, de littérature, comme du 11 septembre ou de la place des femmes dans notre culture dominée par « le pénis ».
Depuis quelques livres, Paul Auster infléchit son œuvre vers une dimension (auto)réflexive : on se souvient de son diptyque autobiographique, en 2013 et 2014, Chronique d’hiver, suivi d’Excursions dans la zone intérieure, pendant mental de ce miroir d’encre, non plus le sexe, les cicatrices, la chair pour tenir la chronique d’une vie mais ce qui, dans son enfance, l’a conduit à devenir lui-même, les expériences fondatrices. Cette année paraît La Pipe d’Oppen, recueil d’essais, discours, préfaces et entretiens, quatorze textes qui forment un nouveau portrait oblique, en éventail, pour définir son propre art poétique à travers l’analyse de Perec (dans son rapport à Truffaut), André du Bouchet, Nathaniel Hawthorne, Jim Jarmusch et d’autres.