Et si la particularité des grandes œuvres féministes était leur grande capacité à être oubliées et ignorées – pour finalement ressurgir des années plus tard, intactes, neuves, préservées et toujours aussi détonantes ? Comme si le destin de ces œuvres devait forcément s’accommoder d’une période de purgatoire, nécessaire à leur acceptation sociale – comme s’il leur était impossible d’être reçues par une société en retard sur ce qu’elles avancent. La réédition du livre de Joanna Russ paru en 1975 (L’Autre Moitié de l’homme, The Female Man, Robert Laffont) sous le titre L’Humanité-femme dans une traduction révisée aux éditions Mnémos permet de réparer cette lacune.