Paris, janvier 1907 : c’est dans le contexte d’un débat national sur l’abolition de la peine de mort qu’intervient un crime odieux, l’affaire Soleilland, le meurtre d’une petite fille de onze ans. Exploité par la presse, le fait divers aura pour conséquence une parenthèse de plus de 70 ans avant le vote, en France, de l’abolition de la peine capitale, illustrant le lien quasi consubstantiel entre le meurtre d’enfant et ce type de peine. Quatrième volet de la série « Fait divers, l’Histoire à la une », ce documentaire exceptionnel met en perspective deux contextes historiques, via deux affaires centrées sur le meurtre d’un enfant et deux débats aux conséquences diamétralement opposées, l’affaire Soleilland et l’affaire Patrick Henry.

« La tête de l’homme du peuple, voilà la question. »
Hugo, Claude Gueux

Le crime est, chez Hugo, un combat tout autant un engagement politique qu’esthétique, la revendication, dans la « Réponse à un acte d’accusation » des Contemplations d’avoir introduit les mots infâmes, ces « tas de gueux », dans les « alexandrins carrés », d’avoir osé « nommer ». Les Bastille que Victor Hugo veut renverser sont donc tout autant poétiques que concrètes, et ses personnages, souvent inspirés de faits divers attestés, figurent son combat. Ainsi de Claude Gueux, d’abord paru dans La Revue de Paris le 6 juillet 1834 puis en volume chez Evréat en 500 plaquettes financées par Charles Carlier, négociant de Dunkerque qui a vu dans ce texte « une grande leçon » et souhaite « faire tirer autant d’exemplaires qu’il y a de députés en France » pour « les leur adresser individuellement et bien exactement ».

Les éditions Galilée viennent de publier le second volume du séminaire que Jacques Derrida consacra à la peine de mort. Le philosophe Patrick Llored, auteur d’un livre original et novateur sur Derrida, souligne dans cet entretien ce qui, à partir de ce séminaire, lui semble ouvrir des pistes de réflexion et de compréhension nouvelles.