Le rideau se lève à la Comédie de Reims, la salle se tait et la musique commence. On comprend dès les premiers instants la gravité de ce qui va être dit. Le deuil est rarement joyeux. Malgré tout, Sinzo Aanza manie bien le sarcasme et la cacophonie brûlante des villageois, admirablement rapportée par la mise en scène d’Aristide Tarnagda, et montre la force de la vie, toujours triomphante des plus grands malheurs. Artiste, romancier et dramaturge congolais, Sinzo Aanza dépeint dans son travail les réalités crues de la République Démocratique du Congo. Qu’il s’agisse des ébauches de démocratie ou des conditions de l’exploitation minière depuis la colonisation, dans Plaidoirie pour vendre le Congo, il s’interroge sur la dignité avec cette phrase terrible : « Comment continuer à être un homme dans la mort ? ».

« Notre antenne d’Elizabethville nous a fait parvenir des notes recueillies par la police et dont personne dans ce maudit quartier ne veut assumer d’être l’auteur. Ces notes vont être lues par notre consœur Sidonie Lutumba, Beauté Nationale, alias Black is Beautiful, alias Julia Roberts, alias Da Vinci Code. La lecture sans doute la plus longue de tous les temps, vu qu’elle va durer toute la journée, vous permettra de voyager à travers l’abomination du Bronx. N’ayez crainte, votre chaîne nationale a pris des précautions pour que personne n’ait la conscience citoyenne barbouillée ».