Une écrivaine de ces pays pointe-t-elle le bout du nez dans le champ éditorial et quasiment aussitôt on la compare à Shahrazade, la fameuse sultane conteuse des Mille et une nuits. On comprend alors, à l’égard de cette fiction du passé, l’exaspération d’un certain nombre d’entre elles. Cette exaspération, la Libanaise Joumana Haddad dans son essai décoiffant, J’ai tué Schéhérazade, l’exprime avec clarté : « Je suis convaincue que ce personnage est un complot contre les femmes arabes en particulier, et les femmes en général […] J’en ai assez qu’on en fasse une héroïne (surtout en Occident, mais dans le monde arabe aussi). »