On dit beaucoup de mal de Macron à propos du passage en force de la réforme des retraites. On le dit égotiste, arrogant et tout sauf habile. On oublie qu’il est l’homme de la situation, dont la fonction historique aujourd’hui consiste à poursuivre un projet qui le dépasse. Il convient en effet de se déprendre de la petite analyse « psychologique » pour considérer objectivement une politique qui, pour être brutale et parfois tragiquement irrationnelle, n’en a pas moins un sens précis dans l’histoire de nos sociétés.
Haud Guéguen
Nécessaire et puissant : tels sont les deux termes qui viennent à l’esprit au terme de la lecture de La Perspective du possible de Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre qui vient de paraître à La Découverte. Dans cet ambitieux essai, dont chaque page pose une question passionnante, les deux chercheurs retracent l’histoire multiséculaire du possible afin d’en mesurer ce que nous pouvons, nous, en faire aujourd’hui, comment il peut venir nourrir un nouvel horizon politique. Il est temps de sortir de la mélancolie de la Gauche pour rouvrir, grâce au possible, l’action, et cet ouvrage en est l’un des outils majeurs. Autant de perspectives qui ont incité Diacritik à rencontrer les deux essayistes le temps d’un grand entretien.
Haud Guéguen, Pierre Sauvêtre, Pierre Dardot et Christian Laval sont membres du laboratoire Sophiapol de l’Université Paris-Nanterre. Ils viennent de signer, chez Lux éditeur, un ouvrage qui, sous le titre Le choix de la guerre civile propose « une autre histoire du néolibéralisme ».