Le motif secret de ces chroniques, c’est la résistance du corps. Si ce qui a été abîmé devait être entièrement reconstitué, le grand danger – pour ce qu’elles font passer, pas pour leur “auteur” – serait leur arrêt, certes brutal, mais signe d’un grand soulagement. Lire demande du temps, et une position du corps assise ou allongée (rarement en mouvement). Une lecture trop rapide peut laisser un souvenir amer : celui de ne pas avoir vraiment vécu un authentique corps à corps avec l’ouvrage traversé, de n’avoir pu en retenir que ce qui est paraphrasable – matière à résumé qui ne questionnerait que notre aptitude à en déterminer “le sens”, sans trop perdre de temps.

Entendons-nous bien, le Dictionnerfs de Mathieu Potte-Bonneville et François Matton n’est pas qu’un dico de plus dans l’univers des lexiques qui font autorité que l’on offrira distraitement à Noël ou à son petit neveu. Car le Dictionnerfs possède un « Mojo », un sex appeal, un pouvoir, que n’ont pas les habituels recueils de définitions, de citations qui finissent leur carrière au mieux sur une étagère de bibliothèque et au pire sous une armoire normande et bancale.