C’est quand le guetteur se surprend à ne plus rien attendre que tout arrive (air connu). Je viens de retrouver ces lignes de Paul Auster dans Moon Palace, recopiées il y a vingt-cinq ans sur une page de carnet : “Avec le temps, je commençais à remarquer que les bonnes choses n’arrivaient que lorsque j’avais renoncé à les espérer. Si c’était vrai, l’inverse devait l’être aussi : trop espérer les empêcherait de se produire.” Être travaillé par l’attente de l’inattendu, c’est avoir l’esprit plus libéré qu’entravé par le sentiment que, vagabondant sur un champ de ruines, nous pourrons ramasser, si la chance nous sourit, quelques vestiges de tentatives en apparence avortées, mais ouvrant certaines voies que le souci de “réussite” interdit de frayer.