Babel a livré une de ses plus belles réalisations avec Des voix de Manuel Candré. Pas la Babel labyrinthique de Borges, non, mais bien une Babel coextensive à toutes les époques, à toutes les langues fissurées laissant s’échapper « des voix » et se glissant de bibliothèque en bibliothèque, ces vastes tours qui sont autant de « Babel sombre[s] » comme le disait Baudelaire. Pourtant Babel a ici disparu et c’est « Pragol » (Prgl) qui occupe le récit comme le spectre d’une Prague mêlée à la distorsion propre aux voix qui hantent le récit fabuleux de Jacob.
Des voix
Des voix, de Manuel Candré nous laisse d’abord silencieux, muet. Ce n’est pas que nous n’avons rien à dire d’un tel livre, ni qu’il ne servirait à rien d’en dire quelque chose, mais c’est comme s’il était d’abord impossible d’en parler, d’en écrire, d’en dire.