Construisons des murs, oui, c’est bien connu, les murs résistent aux assauts de la misère et au grignotage du désespoir. Et puis chez soi bien seul, on est mieux qu’avec les autres, oui, là, ces gens bizarres, ces indigents, nauséabonds de leurs propres malheurs, ils seront mieux chez eux que chez nous ; d’ailleurs est-ce encore chez nous s’ils viennent ? Non, vraiment, sans façon. Et puis les murs, ce qui est bien, ce qu’ils sont physiques – et on met des chiens, des tourelles, des fusils, on fait les choses bien – mais qu’ils sont aussi dans la tête, car ces gens-là sont insidieux, il faut les tenir à l’écart, avec de beaux barbelés dans la tête. Et tant pis s’il y a des dommages collatéraux : que voulez-vous ma bonne dame, à la guerre comme à la guerre.