A fendre le cœur le plus dur, écrit par Jérôme Ferrari et Oliver Rohe, porte sur un ensemble de photographies prises par l’écrivain et journaliste Gaston Chérau en 1911, dans la Tripolitaine, en Libye, alors occupée par l’armée italienne et où Chérau est envoyé par le journal français Le Matin. A l’occasion de la publication en poche du livre, en Babel (Actes Sud), retour sur A fendre le cœur le plus dur, via un entretien avec les deux auteurs réalisé lors de la sortie du texte en grand format (Inculte).

La nécessité d’une approche bi-sexuée de la littérature n’est plus à défendre. Les raisons profondes ont été synthétisées par Marcelle Marini, dans l’incontournable Histoire des femmes, (Tome 5) : « C’est dans les textes littéraires que se construit la personnalité. On y apprend à symboliser son vécu, ses émois et ses passions, ses plaisirs, ses angoisses et ses désirs […] Il est donc grave que la subjectivation et la socialisation des deux sexes se fassent dans une littérature monosexuée et, qui plus est, neutralisée par un discours critique monologique […] les garçons comme les filles […] sont privés de tout héritage symbolique au féminin. Tous et toutes font l’apprentissage de la différence sexuelle à travers la représentation d’un sujet masculin pluriel toujours en questionnement et transformation, face à un « éternel féminin » dont les variations dépendent de l’histoire et des représentations des hommes. »