Ranger l’atelier. Reparcourir les livres dont on n’a su parler sur le moment et se demander si ce silence sera définitif – ou non. Ce peut être rageant de ne pas trouver les mots ; mais, quand on y songe, ce n’est parfois pas plus mal, car c’est un véritable soulagement que d’éviter de rapporter avec maladresse ce qui nous a touché, parlé, chuchoté, fait signe… ou nous a tout simplement fait plaisir : un plaisir éphémère que l’on aimerait faire passer – mais comment ? –, sans en rajouter, et qui ressurgira peut-être un jour sans prévenir, nous apportant enfin les quelques mots susceptibles de traduire notre expérience de lecture.
L’Employé du moi
Au sortir d’un bref moment d’absence – entre léthargie et repos forcé – que l’inconscient a aussitôt transformé en temps de méditation (car des bribes de pensées s’y seraient développées avant d’être épinglées comme des papillons dans des cadres étranges : fenêtres ouvrant sur le dehors ; miroirs reflétant le monde intérieur de qui s’y projette), le diariste critique reprend ses lectures. Cette fois, la petite pile qui s’est progressivement accumulée sur sa table de chevet est composée de bandes dessinées.