Que vient-on chercher dans un journal ? Vaste question, à laquelle il est autant de réponses que d’auteurs. On n’y vient pas toujours pour les mêmes raisons et on n’en retire pas toujours les mêmes choses. Gageons qu’on cherche toujours quand même à y retrouver quelqu’un qu’on a déjà lu, qu’on a aimé lire. On vient au journal pour prolonger un compagnonnage, guidé par le fil d’Ariane de la fiction ou de la poésie – comme si le journal était un labyrinthe dont il ne s’agit pas de sortir mais de trouver le centre. On vient surtout à certains journaux et pas à d’autres, car certains semblent flotter légèrement au-dessus du niveau de la mer : le journal de Kafka, de Woolf, de Jules Renard, la correspondance d’un Flaubert.