« Elle ajuste la position de sa capuche. Ses bracelets tintent. Pour qui les porte-t-elle, se pare-t-elle aussi quand elle est seule ? Je ne lui ai pas connu de relation. Je suis avide de savoir si elle aime, si elle est aimée, mais je ne sais pas parler d’amour et tout ce que j’ose lui demander c’est :
-Tu ne t’ennuies pas trop à Périgueux ? » (Le Vieil Incendie).

À trente ans, en Suisse romande, maintenant en France, et pas seulement au sein de l’espace francophone puisqu’un National Book Award lui a été attribué en 2021, Elisa Shua Dusapin connaît le succès. Son quatrième roman, Le Vieil Incendie est salué par toute la presse française, depuis Le Figaro jusqu’à L’Humanité, en passant par le feuilleton littéraire de Tiphaine Samoyault dans Le Monde (déjà, en 2020, dans ces mêmes colonnes, Camille Laurens n’avait pas tari d’éloges pour Vladivostok Circus).

Quand nous nous sommes rencontrés en Dordogne, début 2023, lors de la résidence d’écriture que vous avez effectuée à La Maison du Goupillou, vous disiez à vos hôtes et à vos interlocutrices et interlocuteurs, que votre roman en chantier (c’était Le Vieil Incendie) concernait l’aphasie et deux sœurs, et que vous l’aviez situé dans la région. Pouvez-vous nous préciser comment vous est venue « l’idée » de ce livre, comment elle s’est imposée à vous ?