Car même si j’errais pas après pas
par Holzwege déteignant en mille séries…
Le Galaté au Bois
, p. 113

Dans Le Galaté au Bois, Zanzotto mobilise à plusieurs reprises le mot allemand Holzwege, que l’on peut traduire (il a donné son titre à un célèbre recueil d’articles de Heidegger) par « chemins qui ne mènent nulle part ».
J’en trace modestement trois dans ce livre magnifiquement édité par la Barque.

Étant une inconditionnelle de l’œuvre d’Andrea Zanzotto (1921-2011), je m’étais rendue un jour d’hiver de 2019 à Pieve de Soligo, village natal du poète dans la province du Veneto. Cherchant sur place où il avait habité, je me rendais compte que personne ne se souvenait de lui. Seul le pharmacien du centre-ville où Zanzotto passait pour consulter le baromètre, se rappelait de la maison paternelle (désormais une façade donnant sur une ruine) et pouvait me fournir quelques indications sur la demeure du poète au bord du village.

Quelqu’un vient à cheval. Tandis que l’animal silencieux progresse à travers les « pâturages géants de l’Alaguez », à mi-voix, une pensée se déploie dans la tête du cavalier. Elle cherche à prendre forme, soudain se cabre, interroge : « — Dans quel temps voudrais-tu vivre ? ». Étrange question, assurément, à laquelle pourtant il est aussitôt répondu : « Je veux vivre dans l’impératif au participe futur, voix passive — au  »devant être ». »