Récit politique, enquête, affolement de la narration et de sa possibilité, Des îles, de Marie Cosnay, est également un témoignage fondamental : témoignage pluriel de celles et ceux qui, du fait d’être immigré.e.s, exilé.e.s, « clandestin.e.s », du fait de chercher une vie ailleurs que là où les traités internationaux et les politiques racistes leur assignent une place, subissent un traitement indigne, inhumain ; témoignage de celle qui, écrivant, écoutant, regardant, est emportée dans un mouvement général qui la dépasse : mouvement de mort, mouvement de vie. Rencontre et entretien entre Mathieu Potte-Bonneville et Marie Cosnay.

Avec Des îles, Marie Cosnay réalise une des possibilités de l’écriture littéraire, à savoir produire un contre-discours. Non pas simplement un discours contre mais un discours qui affirme ce que le discours dominant (celui des dominants, en fonction de leurs seuls intérêts, justifiant leur domination) masque et efface. Ce qui ici est masqué, effacé, ce sont les vies des migrant.e.s, vies assassinées chaque jour, sous nos yeux, devant nos portes. Ce qui est ici affirmé, montré et valorisé, ce sont les vies des migrant.e.s, vies tendues vers la vie, la leur comme celle de tous et toutes.