Les salariés, à qui on avait déjà promis une vie d’asservissement heureux en leur faisant craindre la misère, se sont réveillés l’an dernier pour découvrir que c’est finalement la misère asservie qu’on leur impose : toujours plus d’efforts, une rétribution toujours moindre et une dignité introuvable. La « loi travail » de l’an passé a démontré qu’un conflit social de haute intensité, qui déjà ne menaçait plus l’ordre social, n’est même plus apte à faire échouer une loi, si scélérate soit-elle. Pour le comprendre, peut-être faut-il rappeler que le « mouvement social » dans sa forme, ses rituels, ses incantations, est finalement lui aussi un produit du travail, une variable stratégique sur laquelle patrons et gouvernants spéculent allègrement, en accord avec les centrales syndicales qui leur sont vendues.