« Et c’est ici une véritable révolution copernicienne qu’il faut imposer, tant est enracinée en Europe, et dans tous les partis, et dans tous les domaines, de l’extrême droite à l’extrême gauche, l’habitude de faire pour nous, l’habitude de disposer pour nous, l’habitude de penser pour nous, bref l’habitude de nous contester ce droit à l’initiative dont je parlais tout à l’heure et qui est, en définitive, le droit à la personnalité. […] L’heure de nous mêmes a sonné. […] Je ne m’enterre pas dans un particularisme étroit. Mais je ne veux pas non plus me perdre dans un universalisme décharné ». Aimé Césaire, Lettre à Maurice Thorez, 24 octobre 1956 (extraits)

Il est une invisibilité de Louis Aragon dans les études sur les intellectuels français et la guerre d’Algérie, pourquoi ? Serait-ce un manque d’engagement de l’intéressé ou bien un ostracisme vis-à-vis d’un membre éminent du PCF ? C’est cet « oubli » qu’Alain Ruscio entend réparer dans son étude récente, Louis Aragon et la question coloniale. Itinéraire d’un anticolonialiste, que viennent de publier les éditions Manifeste !

La publication par Jean-Philippe Ould Aoudia de son enquête sur les disparus de la « Bataille d’Alger » en 1957 touche à un point fort de la guerre en Algérie. Comme l’écrit Benjamin Stora : « La question des « disparus » n’a cessé de hanter les mémoires blessées de la guerre d’Algérie. Comment accomplir un travail de deuil en l’absence du corps de celui qui a disparu ? » (France-Algérie. Les passions douloureuses). Nous voudrions en rendre compte et accompagner cette nouvelle publication d’un retour sur des ouvrages antérieurs signés H.G. Esméralda, Alexis Jenni et Mouloud Feraounqui ont fait de 1957 une date incontournable.

Encyclopédie de la colonisation française : ce travail véritablement titanesque qui vient à édition a été mis en chantier par l’historien Alain Ruscio auquel nous avons posé quelques questions sur l’entreprise dont ce premier tome est l’éclaireur.
Mais c’est aussi l’occasion de revenir sur un autre livre paru en 2015 et qui, en ces temps de montée de l’extrême droite en France, est une lecture nécessaire et décapante. Si l’on sait que le passé informe notre présent, on s’en convainc encore plus en lisant Nostalgérie – L’interminable histoire de l’OAS (La Découverte, 2015).