Quand on dit « Nimier », aujourd’hui, on pense davantage à Marie qu’à Roger, à la fille plutôt qu’au père qu’elle n’a pas vraiment connu puisqu’il est mort alors qu’elle n’avait que cinq ans. Marie Nimier naît en 1957, Roger meurt en 1962 dans un accident de voiture. Lorsqu’il avait appris la naissance de Marie, l’auteur du Voyage au bout de la nuit lui avait écrit ces mots : « Oui ! oui ! oui ! Parfaitement ! Marie pleine de grâce… » Ou encore, une autre fois (comme le rapporte encore Sollers dans sa préface aux lettres de Céline) : « Vous avez reçu, Dieu merci, assez d’instruction chrétienne pour ne point méconnaître le plus subtil et perfide des péchés : par omission. »
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Le philosophe, helléniste et sinologue François Jullien se hisse hors de sa propre histoire à partir de la toute dernière phrase de la nouvelle « Sarrasine » de Balzac : « Et la marquise resta pensive. » On se souvient que Roland Barthes avait fait une analyse (structurale) de cette merveilleuse nouvelle, dans un essai qu’il avait intitulé S/Z publié en 1970 dans la collection Tel Quel de Philippe Sollers et qui était la trace d’un travail né au cours d’un séminaire de deux années (1968 et 1969) tenu à l’Ecole pratique des hautes études.
Georges Didi-Huberman publiait, le 2 octobre dernier, un essai intitulé « Les Anges de l’Histoire », avec au centre de ce texte le tableau de Paul Klee, Angelus Novus… et son commentaire par Walter Benjamin dans la thèse IX de son essai « Sur le concept d’histoire » – où il dit de l’ange de Klee qu’il a l’aspect que doit avoir nécessairement l’ange de l’Histoire, avec ses yeux écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées…
Tout commence par un titre : Trust. Dans la littérature de Pavel Hak, le titre revêt une importance et requiert immédiatement l’attention et la réflexion du lectorat.
Grand Poisson, c’est l’histoire d’un jeune professeur qui rencontre son métier dans un lycée qui lui réserve quelques surprises de taille : certes, il y a les habituels écueils que l’entrée dans le métier réserve, les désillusions et autres couleuvres que l’on avale, les surprises, les petits étonnements, en somme l’apprentissage qu’est toujours la découverte d’un nouvel environnement – mais quelque chose bruisse derrière les portes, et ce ne sont pas seulement les tentacules insidieux des politiques éducatives, c’est aussi cet étrange espace où les personnes, les objets, semblent disparaître sans que personne ne s’étonne, ne s’alarme. Rencontre avec Fabrice Sanchez pour que se dévoilent un peu les ombres derrière ce si curieux métier.
Avec L’homme est une fiction, Carmela Chergui mène l’enquête pour retrouver les traces d’un artiste oublié : l’occasion de remettre en lumière un parcours singulier, marqué par la solitude et la folie, autant que de rappeler à la mémoire un membre de sa propre famille. Ce récit de quête interroge les raisons d’une disparition mais aussi celles d’une biographie.
Monique Wittig (1935-2003) disait dans son essai La pensée straight (1978) qu’une œuvre ayant une nouvelle forme peut fonctionner comme « une machine de guerre » sur le contexte de son époque – comme justement son scénario « Jeanne d’Arc » que l’on découvre aujourd’hui, qui devient « un livre » qu’elle avait écrit au moment où l’extrême droite de Jean-Marie Le Pen s’emparant alors de la figure de Jeanne d’Arc avec le rassemblement annuel du parti néo-fasciste, chaque 1er mai, au pied de la statue équestre de la place des Pyramides à Paris, faisait une percée dans l’électorat, en 1988…
Récemment paru aux éditions du Bunker, Hiver Chute Vie, de Wonwoo Kim associe l’espace et l’écriture pour créer un recueil qui est aussi un livre-objet, un ensemble de textes autant lisibles que visibles. Entretien avec l’auteur.
Il est possible que le plus beau livre de la rentrée littéraire soit bulgare.
« Sarah Kofman » serait « le meilleur titre si je n’avais pas encore peur de ne pas être capable de m’y mesurer », avait dit Jacques Derrida (1930-2004) à la mort de Sarah Kofman (1934-1994), où il avait finalement choisi de parler de l’art et du rire de Sarah.
Peu de guerres auront autant nourri la fiction que celle d’Algérie (1954-1962). Elle continue de hanter l’imaginaire français et algérien, tant les zones d’ombre et les blessures qu’elle a laissées restent béantes.
« Les grandes expériences de notre vie n’ont jamais été à proprement parler vécues. » C’est ce qu’avait dit Levinas, en 1965, dans un texte intitulé « Énigme et phénomène ».
Tu as lu le dernier livre de Daniel Foucard ?
À la rentrée de septembre 2024, Flammarion a inauguré une collection dans laquelle « universitaires et écrivains des nouvelles générations » proposeront « des enquêtes variées abordant la politique, la terre, le social et l’intime ».
Voici un romancier qui cite les Ecritures – en français, en latin ; aujourd’hui dans son roman Persona grata comme précédemment dans Pour les siècles des siècles, qui lui-même faisait suite à Rabalaïre, tous les trois publiés chez P.O.L (en 2021, 2023 et 2025) – chez P.O.L où l’on a aussi un théoricien des images, Jean Louis Schefer (1938-2022) qui dans son ouvrage Cinématographies (1998) développait l’idée absurde (disait-il lui-même) « d’une généalogie des images depuis la scène de Golgotha »…