Ranger l’atelier. Reparcourir les livres dont on n’a su parler sur le moment et se demander si ce silence sera définitif – ou non. Ce peut être rageant de ne pas trouver les mots ; mais, quand on y songe, ce n’est parfois pas plus mal, car c’est un véritable soulagement que d’éviter de rapporter avec maladresse ce qui nous a touché, parlé, chuchoté, fait signe… ou nous a tout simplement fait plaisir : un plaisir éphémère que l’on aimerait faire passer – mais comment ? –, sans en rajouter, et qui ressurgira peut-être un jour sans prévenir, nous apportant enfin les quelques mots susceptibles de traduire notre expérience de lecture.
Max Baitinger
On peut désirer en finir avec un personnage ou une série : Hergé aurait bien aimé en finir avec Tintin, mais il a dû s’atteler à produire, certes en prenant son temps et entouré d’une fidèle équipe, quelques albums de plus – de trop ? –, parce que la peinture n’a pas voulu de lui. Mais c’est une autre affaire que d’en finir avec un domaine aussi vaste, aussi mal délimité (et tant mieux) malgré tant d’efforts accumulés ces dernières décennies, que la bande dessinée – genre ou forme bénéficiant de librairies spécialisées, de sites dédiés, d’exégètes monomaniaques, et de quelques grands festivals dont on attend chaque année la reprise.