Ceci ne sera pas une tribune urbi et orbi, une de plus, j’écris dans le métro, des notes, ceci sera moins, juste une page de journal, quelques bribes de réflexion sous forme de mea culpa.
Montaigne

Juliette Mézenc construit ses livres autour de thèmes et de questionnements récurrents que l’on retrouve, repris et déplacés, portés ailleurs, dans Laissez-passer, qui vient de paraître. Rencontre et entretien avec l’auteur autour des thèmes de la rencontre, de la frontière, de la migration, du temps, de l’identité et de la multiplicité, du genre, du politique, de la lecture – et bien sûr de l’écriture.
On découvre le mot déconstruction dans le dictionnaire bien avant son usage par Derrida, fort heureusement. Et il est incontestable qu’on en trouve mention chez Husserl autant que chez Heidegger. Mais que le mot existe, qu’il faille se mesurer à la définition qu’on pourra en rencontrer même dans le Littré, cela n’a rien d’extraordinaire en soi, cela ne fait pas un scoop.
Je te quitte. Je ne t’aime plus. Je ne t’aime plus parce que je te méprise, parce que je ne t’admire plus. Je te quitte, c’est fini. Prends soin de toi.
Séparation. Toute honte bue. C’est officiel. La solitude vient de gagner une nouvelle bataille.

A l’occasion de la parution de De la vérité dans les sciences, un entretien multiple avec Aurélien Barrau où il est question autant de philosophie ou d’art, que de physique, de poésie et d’art, de Jacques Derrida, de Feyerabend et Karl Popper, de sociologie et des sciences humaines, de politique, des univers multiples, ou encore de Nietzsche, d’anarchie, de créationnisme, et bien sûr de la question de la vérité.
La littérature serait-elle d’un bout à l’autre mensonge, imposture et mauvaise foi ? L’idée est dans l’air depuis Maurice Blanchot au moins. C’est qu’après tout, une fiction est une fiction, un montage d’artifices. Mais il n’y a pas que la fiction et, dans ses Confessions, Rousseau entendait être franc et vrai tout au long de son propos. Et pourtant il n’est pas malaisé de montrer que sa sincérité était largement suspecte.
« Les images vivent à l’intérieur de nous » déclarait récemment Bill Viola à la manière d’un parfait exergue qui s’ignorerait au très beau et très délicat récit de Laurent Jenny, Le Lieu et le moment, paru il y a peu chez Verdier. Sans doute cette sentence du plasticien américain sur l’incessante et secrète vie des images donne-t-elle à contempler au plus intime et au plus nu de soi le projet de Jenny, celui d’un homme qui, patiemment, entreprend de se raconter depuis les événements qui ont su faire image en lui, devenir collection permanente de son existence et s’imposer comme le mémorable d’un destin traversé de ce que l’auteur désigne d’emblée comme ces images sans détour, « littérales comme les nuages du ciel, les fourmis dans l’herbe ».