« Les hommes ont été pris par surprise, ils n’étaient pas biologiquement préparés, leur corps, fait pour voir, entendre, est inadapté. Leurs yeux, leurs oreilles, leurs doigts ne leur sont sont d’aucun secours: les radiations sont invisibles, elles n’émettent ni son, ni odeur, sont impalpables ».
Svetlana Alexievitch, Le Monde, 25 avril 2006.
catastrophe nucléaire
Mardi 26 avril, Arte consacre sa soirée à Tchernobyl, 30 ans après, avec la diffusion de trois documentaires, tous liés à la catastrophe du 26 avril 1986 et à ses conséquences sur les hommes et l’environnement.
Tchernobyl, 1986, Lucile Bordes a quinze ans. Elle se souvient de ces « jours à roder sur l’envers du monde », ceux de la catastrophe et surtout « du silence autour ». Comme le dit le proverbe russe en exergue du roman : « mens, mais souviens-toi ». Alors, pour se souvenir passer par le mensonge vrai de la fiction et trois personnages comme « trois focales différentes pour dire un événement qui, trente ans après, reste impensé » : Lucie l’adolescente du Sud de la France, « quinze ans et le monde à mes pieds », Ludmila qui vit juste à côté de la centrale et Ioula, à Kiev. Parce que malgré les reportages à l’époque, les essais, les documentaires et films, malgré même La Supplication de Svetlana Alexievitch, « Tchernobyl n’existe ni pour vous, ni pour moi ». C’est pourtant cet « endroit sur terre où l’homme a rendu sa vie impossible. C’était il y a trente ans et c’est maintenant ».