Du 20 au 23 septembre prochain aura lieu à Vincennes la neuvième édition du Festival America, centré sur les littératures et cultures d’Amérique du Nord, avec, pour cette année, un focus sur le Canada.
Diacritik a évoqué nombre des auteurs invités et vous propose de les (re)découvrir en amont du festival. Aujourd’hui, Jeffrey Eugenides.

« Horizon. funèbre » (Gérard Genette, Bardadrac)

Il est des hasards dont on récuserait bien l’objectivité, n’en déplaise à Breton. Comme d’être en train de parcourir l’entrée « Bienvenue » de Codicille, pour tout autre chose, et de lire ces lignes : Gérard Genette évoque sa consécration par la critique le considérant désormais comme « écrivain  » au moment de la parution de Bardadrac : « Au moins aurai-je rencontré d’avance des fragments de ma future nécrologie, et, comme disait un jour, à peu près, Paul Valéry, respiré quelques volutes de ma future fumée ». Et là d’apprendre la mort de Genette, cette après-midi, à 87 ans.

Benoît Peeters (écrivain, directeur des Impressions Nouvelles) et Laurent Demoulin (auteur du tout récent Robinson chez Gallimard) se sont livrés à un brillant et plaisant exercice : un grand entretien à deux, autour des éditions de Minuit et de Jérôme Lindon, que Diacritik, via Jacques Dubois, a le bonheur de publier, en deux parties (retrouvez la première ici).

Dévotion est un livre à propos de l’écriture, de ce qui est impliqué par l’écriture. Mais il ne s’agit pas d’un essai général sur cette question. Patti Smith aborde celle-ci de la manière la plus subjective. Et au lieu d’un exposé portant sur ce qui, dans son cas, serait inclus dans le fait d’écrire, elle met en pratique ce qu’implique pour elle l’écriture et qui, ici, n’est pas dit mais effectué.

Fondée autour de la question du secret, la très belle revue Sigila a pu, comme une antiphrase à sa propre préoccupation, se diffuser avec force et offrir en ce mois de décembre son déjà quarantième numéro. Cherchant à tisser les rapports entre la France et un monde lusophone multiple, chaque numéro de Sigila questionne les épaisseurs d’ombre d’une culture sans cesse en mouvement. Ce quarantième numéro ne fait pas exception à la règle qui se place sous le signe de Walter Benjamin et ses fameux passages entre Orient et Occident qui résonnent particulièrement pour le Portugal et ses colonies. L’occasion était toute trouvée pour Diacritik de rencontrer la revue à l’occasion d’un entretien qui revient sur l’histoire même de Sigila.

D’habitude je suis très prudent en matière d’opinion politique exprimée à l’écrit. Déjà j’ai dit pas mal de conneries par le passé, de plus je ne suis pas vraiment compétent, puis d’autres en parlent et analysent mieux que moi. Mais quand même, Macron, ce matin en dansant sur Madonna ça m’est apparu comme lumineux, je veux dire comme un éclair :

L’histoire du concept de déconstruction – en philosophie et au-delà de la philosophie – est longue et complexe. Mais c’est ici au sens spécifique donné à ce mot par le philosophe français Jacques Derrida que je veux exclusivement référer afin de réhabiliter l’ampleur et la subtilité de ce geste aujourd’hui souvent décrié, essentiellement d’ailleurs par ceux qui ne le connaissent pas. L’amour, qui traverse cette démarche de part en part, semble-t-il, inquiète. Et parce que Derrida a toujours pensé et écrit dans une chronologie décalée, c’est maintenant plus que jamais, alors que notre temps radicalisé est comme allergique à toute forme de subtilité et de nuance, qu’il faut le lire et l’affronter.

Le capitalisme est-il un cancer ? Telle est la question que pose abruptement le roman de Richard Powers, Gains. Publié en 1998 aux USA, en 2012 dans sa traduction française, désormais disponible en poche chez 10/18, il est toujours d’une actualité aiguë, mieux encore : les quelques quinze années écoulées entre sa parution originale et sa traduction ont rendu toujours plus pertinente cette fresque de l’Amérique entrepreneuriale.

Écrire depuis l’étrange — ce qui nous échappe, nous demeure étranger, présence irréductible et riche.
Écrire depuis le multiple — ces univers qui nous bordent, nous dépassent et nous constituent, leur présence plurielle.
Écrire depuis la parole de l’autre — celle du monde, celle d’autres artistes et écrivains qui nous sont voix, langage et représentation, chacune plurielle.
Tels pourraient être les principes de la Théorie des MultiRêves, cette enquête que Jean-Philippe Cazier publie aux éditions Dis Voir, conte cosmo-onirique déployant les multivers d’Aurélien Barrau comme les fictions de la science de Lovecraft, mais aussi les cartes postales de nos identités fictionnelles chez Derrida ou l’idée deleuzienne que le multiple est une féconde hétérogénéité.

A l’occasion de la parution de La première année, rencontre avec Jean-Michel Espitallier et entretien où il est question de ce livre-ci mais aussi, de manière plus générale, de son travail d’écrivain, de la musique, de Wittgenstein, de la guerre et de la banalité du mal, de Francis Ponge et de la batterie, de bricolage, du syllogisme, ainsi que d’un livre en cours d’écriture.

Voici  deux ans jour pour jour que Jean Ricardou, l’aventurier du Nouveau Roman, nous a quittés. C’est à l’occasion conjointe de l’anniversaire de sa disparition et de la parution des très beaux deux premiers tomes de son Intégrale aux Impressions Nouvelles dirigée par Erica Freiberg et Marc Avelot que Diacritik a interrogé ce dernier.

Indispensable et résolument neuf : tels sont les termes qui viennent immédiatement à l’esprit pour évoquer Qu’est-ce que la pop’philosophie ? de Laurent de Sutter qui vient de paraître aux PUF. Essai déterminant sur la nature de ce que Deleuze a pu nommer « la pop’philosophie », Qu’est-ce que la pop’philosophie ? s’impose également comme l’une des plus pertinentes réflexions menées sur la pensée et l’œuvre de Deleuze et comme un puissant manifeste des travaux même de Laurent de Sutter. Diacritik ne pouvait manquer d’aller à la rencontre du pop’philosophe pour évoquer avec lui les grandes questions qui traversent son essai.