Je suis quelqu’un d’Aminata Aïdara offre ce que l’on attend souvent d’une œuvre : prendre un détour ludique et métaphorique pour déployer des motifs comme l’histoire familiale, le métissage, le racisme qui interpellent nos sociétés. Par la fiction, elle nous plonge conjointement dans le plaisir et la réflexion essaimant du savoir sans leçon, sur des sujets familiers.

« La cicatrice n’est pas la plaie. Elle est la nouvelle ligne de vie qui s’est créée par-dessus. Elle est le champ des possibles les plus insoupçonnés »

Léonora Miano, écrivaine plus connue comme romancière que comme essayiste, offre pourtant une contribution conséquente dans le domaine de l’écriture réflexive. Son apport est en relation avec ce qui l’a précédé mais aussi porteur de propositions passionnantes, dérangeantes parfois, pour notre monde d’aujourd’hui.

Écrire de la poésie après Trump est barbare (pour paraphraser un aphorisme souvent cité et que l’on éprouve si profondément, même si certains prétendent que nous ne le comprenons pas encore bien). Theodor Adorno, philosophe et théoricien de la culture allemand, a un jour fait cette remarque célèbre : « Écrire un poème après Auschwitz est barbare ».

A 77 ans, le 14 octobre dernier, à l’hôpital de Sévaré, dans la région de Mopti au Mali, l’écrivain Yambo Ouologuem est mort, laissant derrière lui – malgré lui ? –, un des romans phares de la littérature africaine, tous pays confondus, Le Devoir de violence. Né le 22 août 1940 à Bandiagara (pays Dogon), il fut lauréat du prix Renaudot en 1968, l’année de la parution du roman. Acclamé par la critique, il fut, quelque temps après, vilipendé pour cause de plagiat. L’écrivain publiait, coup sur coup en 1969, deux autres ouvrages : l’un sous son nom, Lettre à la France nègre et l’autre sous le pseudonyme de Utto Rodolp, Les Mille et une bibles du sexe. Si ces deux ouvrages sont à consulter, il ne fait pas de doute que ce qui fait la pérennité de son œuvre et la célébrité attachée à son nom est bien son roman : le jury ne s’était pas trompé en lui octroyant le prix Renaudot qu’il était le premier Africain à recevoir !

Fin 1999, à Seattle, «à l’orée du nouveau millénaire, à un mois de la fin du siècle américain», plusieurs dizaines de milliers de personnes défilent, protestant contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce qui doit avoir lieu dans la ville du 30 novembre au 3 décembre, pour empêcher sa tenue. L’événement est au centre de Ton cœur comme un poing de Sunil Yapa qui vient de paraître chez Rivages dans une traduction de Cyrielle Ayakatsikas, un roman justement dédié « aux plus de 50 000 personnes qui ont fait en sorte que cela se produise. Un autre monde n’est pas seulement possible, il est en marche. Les jours de silence, je l’entends respirer ».

« Tu es ma chair. C’est de ta glaise que je suis faite. C’est la couleur que tu m’as donnée qui me vaut d’être ce que je suis. Une errante. Un point suspendu ».
Tels des astres éteints

Le 6 juin dernier, dans Diacritik, je présentais les textes d’essais ou proches de ce genre que Léonora Miano a édités ces dernières années. Textes essentiels, souvent dérangeants, incitant à ouvrir nos références trop souvent franco-centrées vers l’énorme apport venu des États-Unis.

Amandine André et A.C. Hello font partie des nouvelles écritures du champ poétique contemporain, un champ où elles s’inscrivent et qu’elles redéfinissent de manière singulière – quitte à s’interroger sur leur appartenance à quelque chose qui serait la poésie.
Rencontre et entretien fait de croisements entre la littérature, la politique, la performance, la langue et ses dehors, la danse, la lecture, Danielle Collobert, la bibliothèque verte, Deleuze ou Bukowski.

C’est d’abord depuis l’intime que Ta-Nahesi Coates exprime sa colère. Dans une adresse à son « fils », Samori, âgé de quinze ans (« la Lutte est inscrite en toi, Samori — tu portes le nom de Samory Touré, qui a lutté contre les colonisateurs français pour le droit de jouir de son propre corps noir »), à des « fils » au pluriel aussi puisque rien ne vient limiter ce mot ou lui donner un nombre. Mais l’adresse doit être lue, aussi, dans une histoire américaine et une filiation, un « héritage » : « détruire le corps d’un noir », battre, abattre. L’adresse est rappel mais aussi alerte et manifeste, « voilà tes racines de noir : ne t’endors pas, c’est une question de survie ».

The Archivists est un site qui propose de découvrir des lieux et des personnes, des bibliothèques, des livres, des passionnés de culture, des photographies, des titres de livres aimés. Chaque semaine, depuis février 2015, un nouveau portrait, comme un espace qui s’ouvre et un labyrinthe dans lequel on aime à se perdre : quelqu’un se dévoile à travers un lieu, des livres aimés, les archives (présentes) d’une intimité.

Les irrésistibles Recettes de Roald Dahl (Revolting Recipes) est un Folio bilingue, illustré par Quentin Blake, publié en 2009 et toujours en vente libre. Tout le monde connaît les nouvelles humoristiques et fantastiques et les contes pour enfants (ou adultes restés jeunes ou voulant le paraître) de l’auteur de James et la grosse pêche ou Charlie et la chocolaterie. Le présent volume regroupe les recettes qui émaillent ses récits.