Les travaux de Sophie Calle sont un partage de la souffrance, du manque, du vide, de la perte. Des enquêtes. Une manière singulière de puiser dans l’intime la matière même d’un partage. De croiser le quotidien et la fiction. De faire des contraintes, des rituels l’exercice d’une liberté insolente. Du pied de nez considéré comme un des beaux-arts.

Jeudi 31 décembre 2015

Vous savez, je ne parle pas de moi parce que je m’intéresse, je parle de moi pour dire le moins de conneries possibles. Moi, la matière moi, ça ne m’intéresse pas, plus, vraiment, si peu. Ce qui m’intéresse encore c’est tout ce qui me traverse et me modifie, tout ce que je ressens, comprends et comprends pas, qui vient de l’extérieur, outside disait MD, les autres, l’altérité. Les autres, l’adversité. Je parle de moi car c’est vous qui m’intéressez.

Il est des livres qui n’appartiennent pas à l’actualité, du moins celle dont les journaux rendent compte. Des livres qui sont notre présent, parce qu’ils nous accompagnent, qu’on y revient, que l’on sait, dès leur première lecture, qu’elle n’est que la première justement, et sera suivie de tant d’autres. Les Notes et croquis de l’année 2008, Les Pierres qui montent d’Hédi Kaddour, un livre publié chez Gallimard en 2010 — et étrangement jamais passé en poche — est pour moi de ceux-là, rares.

 

Et si dans un grand élan de générosité teinté d’une once d’exhaustivité toute relative on vous parlait pêle-mêle de la Belgique, de Rome, de l’Afrique, de l’Amérique et de la France ? Un tour du monde en quatre-vingts feuillets en somme (c’est une expression, on ne fera pas de détour par la baie, pas encore, pas déjà, pas le temps).