C’est l’événement éditorial de ce printemps : la réédition au Seuil du cours sur Le Neutre donné par Roland Barthes au Collège de France en 1978. Après une première édition du texte dans les années 2000, Eric Marty offre ici une édition définitive, riche et passionnante, où le propos de Barthes prend toute sa puissance, celle d’une parole qui revient dans son œuvre à son principe premier : le Neutre, qu’il réinterroge notamment sous le concept de « complexe ». Assorti de notes passionnantes, d’un avant-propos qui brosse la singularité d’une époque prête à tirer un trait sur les avant-gardes, ce cours est indispensable à qui entend se mêler de littérature et plus largement de sensible des textes. Autant de raisons pour Diacritik de partir à la rencontre d’Éric Marty afin de l’interroger sur ce dernier Barthes, au seuil d’une disparition bientôt mélancolique.
Résultats de recherche pour : Roland Barthes
Trop de gens, dont on se fiche complètement, ont cru bon de publier leurs réflexions et pensées, généralement d’une atroce banalité, fébrilement notées durant les deux confinements subis depuis 2020. Aussi, l’on en veut presque à Chantal Thomas d’avoir inscrit le terme de « Journal » sur la couverture de son dernier livre. Ce choix risquant, en effet, de décourager ceux qui ne seraient pas déjà des amoureux de son écriture. Et ce serait tellement, tellement dommage !
« Légitime, c’est un très beau mot légitime. » Tels sont les mots d’Edmund, le « bâtard », qui cherche à prendre la place de son frère Edgar, « la place du haut : celle du légitime ». (Shakespeare, Le Roi Lear, traduction d’Olivier Cadiot, P.O.L, 2022). C’est vrai que c’est un beau mot légitime, comment ne pas être séduit par la beauté et la force de ce qui est fondé, juste et équitable. Et c’est peut-être cela qui frappe immédiatement à la lecture de cet article de Robin Lagarrigue publié le 27 janvier 2023 dans la Revue des deux mondes, « Ernaux – Houellebecq : les mêmes passions tristes ? », l’absence de légitimité.
Marguerite Duras avait-elle les yeux verts ou bleus ? Jean Vallier, son meilleur biographe, les a vus verts. Pour Colette Fellous, qui la rencontra à maintes reprises dans les vingt dernières années de sa vie, ils étaient évidemment bleus, « bleus et purs » tels qu’elle les a gravés dans sa mémoire avec « la beauté de son visage, son air unique et souverain de Marguerite D. ».
Le livre de Jean-Michel Espitallier n’est pas une histoire du rock, de la pop, du punk. Le récit est une sorte d’autoportrait indirect, subjectif, à partir d’un rapport intense à la musique, aux musiques qui font plus qu’accompagner une vie – qui la façonnent, l’inspirent, la guident, l’intensifient : « J’écoute du rock depuis plus de cinquante ans. Il a construit ma vie, ma sensibilité, mon imaginaire, mon rapport au monde ».
Gaëtan Brulotte se présente comme « écriveur ». Rien à voir avec « l’écrivant » de Roland Barthes (lequel dirigea sa thèse de doctorat, Aspects du texte érotique, à l‘EHESS). C’est plutôt une manière à la fois modeste et orgueilleuse, voire québécoise, d’exprimer sa passion pour l’écriture et la lecture.
Passion qu’on perçoit avec netteté dans Nulle part qu’en haut désir.
Trop de gens, dont on se fiche complètement, ont cru bon de publier leurs réflexions et pensées, généralement d’une atroce banalité, fébrilement notées durant les deux confinements subis depuis 2020. Aussi, l’on en veut presque à Chantal Thomas d’avoir inscrit le terme de « Journal » sur la couverture de son dernier livre. Ce choix risquant, en effet, de décourager ceux qui ne seraient pas déjà des amoureux de son écriture. Et ce serait tellement, tellement dommage !
Avant de me faire extraire deux racines, je commence la lecture d’Échafaudage dans les bois I d’Ivar Ch’Vavar (Le Corridor bleu / Lurlure) dans la salle d’attente. Bonne idée d’avoir emporté ce livre constamment intéressant et souvent drôle.
Le livre de Kathryn Scanlan est le récit d’une vie, de la singularité d’une vie – le récit d’un monde, d’un désir qui circule dans ce monde. Il s’agit également d’un livre singulier par ses choix d’écriture et stylistiques. Entretien avec l’auteure.
La première question qui vient à l’esprit est pourquoi la « dépression », pourquoi l’auteur, Patricia De Pas, a-t-elle choisi cette figure de la dépression?
Marguerite Duras avait-elle les yeux verts ou bleus ? Jean Vallier, son meilleur biographe, les a vus verts. Pour Colette Fellous, qui la rencontra à maintes reprises dans les vingt dernières années de sa vie, ils étaient évidemment bleus, « bleus et purs » tels qu’elle les a gravés dans sa mémoire avec « la beauté de son visage, son air unique et souverain de Marguerite D. ».
Nous parvient des éditions Grasset un passionnant dictionnaire alphabétique des personnages de Proust au sein de la Recherche. Il y en eut d’autres bien avant lui mais celui-ci est dû à une jeune chercheuse particulièrement inspirée. Les articles de la jeune autrice, Mathilde Brézet, sont au nombre de 99, ce qui est peu par rapport à une population de personnages romanesques bien plus étendue. En vérité, il est plus d’une omission comme, par exemple, celle de tel philosophe norvégien invité à un repas. En revanche sont retenus et commentés des localités tels que Balbec, Combray, Doncières ou Venise qui interviennent véritablement en acteurs du grand récit.
L’Apparence du vivant, premier roman de Charlotte Bourlard, est sans doute aucun l’un des textes les plus singuliers à paraître en cette rentrée d’hiver. Le sujet tient en quelques lignes — une jeune photographe fascinée par la mort est engagée par un couple vieillissant, les Martin, propriétaires d’un funérarium à Liège. La jeune femme s’installe et veille sur eux. Peu à peu elle est initiée à la conservation des corps et entretient une complicité, toujours plus suspecte, avec Madame Martin. Mais son sujet n’est pas ce qui fait dire de ce livre qu’il est singulier : l’ensemble du livre est porté par une voix unique, capable de passer en un instant de l’humour noir à l’horreur froide, de l’intime au macabre, d’une poésie pop à la cruauté la plus radicale.
Avec Comment sortir du monde ? publiées aux Nouvelles Éditions du réveil, Marouane Bakhti signe un premier roman d’une puissance inouïe, comme rarement lu. Dans une langue forte et ciselée, ce récit évoque une vie entre hontes et fantômes sylvestres, dans une famille biculturelle, moitié française, moitié maghrébine. La vie comme elle vient, comme elle ne va pas : tels sont les enjeux d’un récit qui chemine entre renouveau du roman de la ruralité et récit écopoétique. C’est un grand livre, une éblouissante révélation, et on est toujours heureux de pouvoir le dire. À ce titre, Diacritik ne pouvait manquer de saluer ce jeune auteur plus que prometteur le temps d’un grand entretien.
Dire et figurer le temps qui passe, journées, saisons et existence : telle est la double saisie des haïkus de Bashō et des estampes de Hokusaï dans un livre magnifique mis à la disposition des lecteurs, le temps du confinement, dans le cadre de l’opération « Le Seuil du jour ».