En prélude à la rencontre de ce vendredi qui, dans le cadre des « Enjeux contemporains », le conviera sous la houlette de Jan Baetens à échanger sur la question des groupes littéraires en compagnie de Hervé Le Tellier, Benoît Peeters revient sur ce que signifie « Faire commun ». L’occasion pour Diacritik de recueillir les propos du biographe de Robbe-Grillet qui souligne la place séductrice mais aussi problématique du « Nous ».

En 2012, dans un entretien amical, Jean-Luc Nancy et Jean-Clet Martin échangeaient au sujet de Derrida, du corps, du politique, de Spinoza – échanges ouvrant ou soulignant des résonances, des lignes possibles entre l’œuvre de l’un et celle de l’autre, des transversales à l’intérieur de chacune de ces œuvres qui sont aussi des lignes qui tendent vers un dehors, comme pour toute pensée véritable.

« Ce qui n’est pas la même chose que de taire. » C’est probablement la seule position tenable pour le récit généalogique et archéologique qu’entreprend Kim de L’Horizon dans son livre de sang (Blutbuch). Le titre allemand referme comme un conteneur le hêtre pourpre que Rose Labourie, sa traductrice, a choisi pour la version française.

C’est la huitième fois depuis l’été 2021 que je referme après lecture un ouvrage de Jérôme Prieur avec l’intention bien ancrée de ne pas trop tarder à le rouvrir, afin de pouvoir le retraverser autrement, tant pour vérifier – par frottage – ce que ma mémoire en a gravé, que pour ressaisir ce qui m’aura échappé à première lecture ;

Il y a cinq ans, annonçant sur Facebook les titres de deux chroniques à venir pour Diacritik – Blutch à Strasbourg : Dialogues dans un autre paysage ; John Cage & après – je précisais le « principe » qui les sous-tendait : « Il ne s’agit pas d’un journal tenu par un critique, mais d’un journal dont l’écriture est perpétuellement en situation critique, comme au bord du précipice. » Je retrouve ces mots dans l’espace Souvenirs de ce réseau social, sans être absolument certain d’être aujourd’hui en parfait accord avec eux. Mais si j’y réfléchis, il me semble clair que ce précipice se trouve tout d’abord – et même matériellement – dans la tête : dans l’espace mental que construit le rêveur du Terrain vague quand il esquisse ce « journal de lecture » dont les chroniques ici publiées ne proposent que des états provisoires.

Le Terrain vague est un lieu où on prend le temps de flâner. Où l’on peut chiner, quand le courrier se fait rare. On y trouve plaisir à affuter son regard comme un couteau, tout en se mettant à l’écoute de ce qui vient. Ici, la rentrée d’hiver ne captive pas davantage que celle d’été, mais le promeneur reste curieux de ce qui s’y entremêle d’inconnu et de retrouvailles. Dans cette deuxième chronique de l’année, le dessin étant à l’honneur, on en profitera pour rattraper quelques retards, tout en nous intéressant de près à trois quatre parutions du moment. Le temps de mettre un disque sur la platine (Mingus à Antibes, 1960 – face 2 : What Love ? avec Eric Dolphy à la clarinette basse) et c’est parti

Quel bonheur de lire, au milieu de cette rentrée littéraire si riche, le nouveau livre de Christian Rosset, Pluie d’éclairs sur la réserve, si fécond journal critique et si puissante réflexion plastique qui vient de paraître à L’Association. Dans ce que l’auteur nomme de lui-même une « hantologie », le critique se fait le guetteur mélancolique de notre modernité, la traquant notamment dans la bande dessinée comme autant de déambulations et flâneries dans le 9e Art. De Guido Crepax à Catherine Meurisse en passant par Godard, Rosset nous livre ses frottages esthétiques, ses éclairs des rencontres, ses aperçues fugitives mais durablement marquantes, dessinant à main levée un art poétique de la lecture. Diacritik ne pouvait manquer d’aller à la rencontre de ce diariste critique à l’occasion de la parution de cette impressionnante méthode de lecture que tout critique devrait lire.

Dépoussiérant les archives du Terrain vague, je tombe sur une chronique publiée le 6 juillet 2021, donc au moment où l’idée de recenser quasi-systématiquement plusieurs livres au lieu d’un seul a commencé à s’imposer. Du coup, à l’imitation de la bande dessinée qui faisait déjà depuis longtemps bande à part, la poésie a commencé à jouer cavalier seul.