Sylvain Prudhomme a embarqué sur le Pandémonium avec un texte inédit, « La mélancolie des paquebots », 60 notations sur un présent opaque, dérivation maritime et littéraire. Eléa Terrode et Nathan Devillard, qui ont suivi ses masterclasses durant deux ans dans le cadre du Master de création d’Aix-Marseille Université, racontent :

La panacée. Voilà ce qui pourrait faire office de cri unanime, celui que l’on s’est tous crié entre nous dès la fin de notre première masterclasse animée par Sylvain Prudhomme au cipM de Marseille, en hiver 2018. On en est tous ressortis un peu remués, ayant le sentiment d’avoir vécu un truc fort. Nos textes, produits à partir des ateliers d’écriture proposés par notre intervenant du week-end, en étaient d’une certaine façon des témoignages. Ce sont des textes que nous avons tous conservés, mobilisés ou pris comme bases de lancement en vue de projets futurs. L’objectif de Sylvain était rempli. Nous avions adhéré. Nous avions compris où il voulait nous mener. La petite corde créatrice avait vibré en chacun. Le moment avait été béni. Alors, nous avions tous regagné notre chez nous, les gestes encore fiévreux, les yeux agrandis et allumés, les lèvres bêtement élargies par de petits sourires de satisfaction, ayant conscience d’avoir touché à quelque chose d’unique (état d’esprit analogue à celui pouvant nous saisir à la sortie d’un concert, ou d’un bon film, ou d’un bon livre). Les nôtres restaient encore à réaliser mais, pour la première fois, un écrivain nous avait montré la marche à gravir et nous avait fait prendre conscience que la marche n’était pas si haute que ça, pour peu d’entretenir au fond cette petite confiance en soi.

Nathan Devillard

Le sac en tissu africain était bourré de livres. De cette bibliothèque éclectique formée pour l’occasion, Sylvain Prudhomme a dit un mot de chaque livre. Formant des focales courtes et des vues panoramiques dans nos fenêtres de lecteurs. Son invitation à écrire a pris racine dans la parole. L’écoute réciproque créée par Sylvain nous a permis de nous rencontrer. Nous, le groupe d’écriture de cette masterclasse mais aussi le nous en tant qu’auteur en devenir.  De cette manière le passage à l’écriture à trouver sa fluidité entre écriture à plusieurs et chantier personnel. Les livres formaient une phrase, sur la table en verre du cipM, autour de laquelle chacun a senti la justesse d’une voix. Nous avons pu, sans filtre, donner nos mots à nu, retrouver les raisons de notre venue à l’écriture, grâce à la rareté de cette écoute.

Eléa Terodde

Le texte de Sylvain Prudhomme, « La Mélancolie des paquebots » est à découvrir sur le site du Pandémonium en suivant ce lien.