Michelle Obama (Devenir): du South Side de Chicago à La Maison Blanche (Voix de l’Amérique 2)

Michelle Obama Devenir

« Je suis une personne ordinaire qui s’est retrouvée embarquée dans une aventure extraordinaire. En partageant mon histoire, j’espère ouvrir la voie à d’autres histoires et à d’autres voix, élargir la voie pour permettre à d’autres de comprendre qu’ils ont leur place dans ce pays ».

L’une des publications les plus remarquées fin 2018 a été l’ouvrage de Michelle Obama, Becoming, traduit en français sous le titre, Devenir. Elle viendra le présenter à Paris le 16 avril, après son impressionnante tournée promotionnelle aux USA et dans différentes capitales au Canada, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Grande Bretagne…. On pouvait s’attendre à ce que celle qui fut une First lady observée dans ses moindres gestes livre des mémoires un peu langue de bois. Ce n’est pas le cas et son récit vaut vraiment qu’on s’y arrête.

Avant d’en évoquer quelques aspects, prenons le détour du portrait que lui consacre Ta-Nehisi Coates, en 2009, dans un article commandé par The Atlantic (parmi ceux qui composent We Were Eight Years in Power. Huit ans au pouvoir. Une tragédie américaine). Coates écrit cet article à partir de nombreuses lectures et quelques rencontres durant les derniers mois de la campagne présidentielle et après l’élection. Neuf ans après, il en aime toujours le titre, « American girl  » : « J’écrivais depuis plus de dix ans et j’avais enfin la possibilité de réaliser l’un des grands portraits dont j’avais rêvé ». A posteriori, Coates trouve que l’article a mal vieilli, ce qui n’est pas mon avis alors que je l’ai lu et relu en même temps que je lisais Devenir.

Ta-Nehisi Coates rappelle dans les notes écrites en 2017 combien cette période fut financièrement difficile pour lui comme pour sa compagne et en quoi l’irruption des Obama sur la grande scène publique a desserré l’étau qui les emprisonnait : « Le phénomène Barack Obama et Michelle Obama changea nos vies. Leur simple existence nous ouvrit un marché. Il est important de le dire, si grossièrement et de manière si peu élégante. (…) Je sentais que je n’avais pas changé, mais que le monde autour de moi était en train de changer (…) C’est comme cela que les choses étaient à l’automne 2008. C’est comme cela que nous ressentions le fait d’être noirs et que, pour la première fois dans notre vie, nous étions fiers de notre pays. Tout était radieux. Tout semblait aller vers le haut. Tout était comme dans un rêve ».

Michelle Obama, American Girl, The Atlantic, 2009 (capture d’écran du journal)

La première phrase du portrait est surprenante mais prend tout son sens lorsque la couleur de la peau s’estompe devant le milieu socio-économique de la personne croquée : Michelle Obama préside un déjeuner de femmes du Parti démocrate : « La première fois que j’ai vu Michelle Obama en chair et en os, j’ai failli la prendre pour une Blanche.(…) C’était un groupe multiracial de femmes riches, majoritairement d’âge moyen, vêtues de tailleurs-pantalons et de robes bon chic bon genre.(…) Michelle Obama s’adressa à l’auditoire avec l’humour percutant qui est sa marque de fabrique, ses longs bras fendant l’air pour faire valoir son point de vue ». L’impression première de Coates est sous-tendue par le portrait succinct que fait de Michelle Obama un ami de Chicago : « une femme noire qui mesure 1m, 80 et qui dit ce qu’elle pense ». Coates rappelle aussi un incident survenu quelques mois plus tôt lors des prises de parole de Michelle Obama qui l’avait fait qualifier de « femme noire en colère », désignation que ses ennemis vont exploiter à l’envi pour brocarder son prétendu désamour de l’Amérique.

Sa surprise a été grande d’entendre Michelle Obama parler de sa vie « comme un vieux docker qui regrettait son quartier d’autrefois ». Et c’est en découvrant le quartier sud de Chicago que Ta-Nehisi Coates éclaire l’authenticité du personnage. A la façon dont elle racontait son histoire, elle « disait adieu à Richard Wright. Le blues qu’elle chantait était une ballade dédiée à la femme moderne ». Il va insister sur la particularité du milieu dans lequel elle a grandi et s’est formée. Il montre que ce qui a fait la force de Michelle Obama, c’est d’avoir inscrit son histoire familiale dans « le récit fondateur américain basé sur l’éthique du travail et sur la famille » alors que ce récit a toujours exclu les Noirs : « Le caractère profondément américain de Michelle Obama est enraciné dans son milieu d’origine, le South Side de Chicago ».

Le journaliste rappelle l’originalité de ce « ghetto », par rapport à d’autres villes américaines. Il présente cette communauté en s’appuyant sur des témoignages et, en particulier celui de la mère de Michelle Obama et sur la biographie de Liza Mundy (2008). Ce que les Noirs de Chicago ne pouvaient pas avoir, ils l’ont créé : des sociétés de taxis, des maisons funéraires, des restaurants, des compagnies d’assurance, des banques, des journaux, etc. Les premiers hommes politiques noirs qui ont percé venaient de là. Il y a eu émergence d’une classe moyenne avec vie de famille, vie sociale, parents protecteurs des dangers de la rue et donc, d’une certaine façon, du racisme.

A partir de ces rappels, Ta-Nehisi Coates éclaire autrement les interprétations malveillantes faites de certaines déclarations de Michelle Obama : « En fait, pour de très nombreux Noirs qui ont grandi comme Michelle Obama dans un monde afro-américain autonome fonctionnant normalement, la conscience d’une identité raciale tend à s’estomper ». Elle a su exprimer « la nostalgie et la fierté de son vieux quartier, partie intégrante du grand patchwork américain ». Ce qu’elle a vécu a rendu la culture du South Side inséparable de l’ensemble des États-Unis : « Le South Side est une zone noire dans une ville majoritairement blanche. Mais si le South Side était une île, ce serait une île immense. A la différence de Harlem, le South Side n’est pas un quartier, mais un ensemble de petits quartiers occupant 60% de la ville. L’expansion du South Side en fait, sans doute, l’enclave noire la plus étendue de l’Amérique ». Revenant alors sur son impression première, il l’analyse autrement : « Lorsque j’ai vu Michelle Obama à Chicago et que je l’ai prise pour une Blanche, ce n’était pas à cause de sa manière de parler, ou de son style vestimentaire, mais à cause de la position radicale qu’elle mettait en avant, celle d’une communauté noire pleinement investie dans tout le pays (…). Un de mes copains a fait remarquer que Michelle « rend Barack noir ». Mais c’est là une sous-estimation. Elle ne fait pas que rendre Barack noir ; elle en fait aussi un Américain ».

L’ouvrage de Michelle Obama est un livre sympathique et direct, centré essentiellement sur son propre parcours et ne parlant de son mari que lorsque cela s’imposait. Tout est vu, vécu et raconté à partir de son regard. Sa matière est répartie, selon une ligne chronologique, en trois parties, dont la seconde est la plus longue : « Devenir moi », « Devenir nous », « Devenir plus », ainsi qu’une préface et un épilogue de quelques pages.
Sans analyser l’ensemble du livre, suivons l’un de ses fils, en gardant à l’esprit la notion de « double conscience » et de « voile » de W.E.B. Du Bois.

On le sait, pour Du Bois, le problème fondamental du XXe siècle était celui du racisme. Les Afro-Américains, victimes du racisme à chaque étape de leur vie, devaient d’assumer la double conscience d’être Noir et Américain. Cela signifiait de tenir par « un trait d’union fier et endurant » leur destin singulier. Cette affirmation a abouti au concept d’Africain-Américain. C’est en 1920, dans la première de ses autobiographies (Eaux troubles : Voix derrière le Voile) que W.E.B. Du Bois développa la notion de « voile » : celui qui masque au monde les peuples de couleur et celui qui masque, aux intéressés eux-mêmes, leur vie et la perception de leurs potentialités. Il est la barrière invisible du racisme qui peut se manifester violemment ou au contraire, insidieusement, dans le quotidien.

Dans la première partie de son livre, Michelle Obama note, par quelques anecdotes, ces réalités et la manière dont leurs parents aident son frère Craig et elle-même à les accepter. Ainsi de l’anecdote du vélo neuf offert à son frère. Il est accusé de vol par un agent : « Cet incident, nous ont expliqué mes parents, était injuste, mais malheureusement fréquent. La couleur de notre peau nous rendait vulnérables. Nous devions faire avec durant toute notre vie » (43). La narratrice, en faisant le portrait de son grand-père, dit beaucoup de l’histoire des Noirs : Dandy était petit-fils d’esclave. Il a quitté Georgetown dans le Sud pour aller vers le Nord, à Chicago : « comme beaucoup d’Afro-Américains de sa génération (…) participant à ce qu’on appellerait la Grande Migration, qui a vu 6 millions de Noirs du Sud aller s’installer dans les grandes villes du Nord en l’espace de cinq décennies, pour fuir l’oppression raciale et chercher du travail dans l’industrie » (57-58). Malgré la réussite de ce déplacement pour ses enfants, il est resté un homme profondément frustré dans ses projets.

Michelle Obama s’attarde aussi, à différentes reprises, sur la manière de parler : bien parler est vite assimilé à parler comme un Blanc et donc à une trahison de l’origine, « une marque de prétention, une forme de rejet de notre culture » et elle complète : « Bien des années plus tard, après avoir rencontré mon mari – un homme clair de peau pour certains et foncé pour d’autres, s’exprimant comme un Hawaïen noir, j’ai vu cette perplexité de la classe moyenne – s’afficher sur la scène nationale, aussi bien parmi les Blancs que parmi les Noirs, ce besoin de situer quelqu’un au sein de son ethnicité et la frustration qui naît quand on a du mal à le faire » (60).

Elle souligne aussi la conviction de ses parents à laquelle elle a amplement adhéré : la nécessité de l’éducation et de la formation pour réussir sa vie. Et c’est lorsqu’elle rentre au lycée que de nombreuses questions se posent et que la question essentielle qui va la tarauder toute sa vie s’impose : « Tout ce dont j’étais sûre, c’est que nous étions les meilleures élèves d’une école majoritairement noire, réputée médiocre, située dans un quartier majoritairement noir et médiocre. Et si ça n’était pas suffisant ? Et si, après tout, nous n’étions que les meilleurs des pires ? (…) Suis-je à la hauteur ? Ce doute avait trait à mes origines, à l’image que j’avais eue de moi jusqu’à présent. C’était comme une cellule maligne qui menaçait de se diviser encre et encore si je n’y mettais pas bon ordre » (77). Lorsqu’elle entre à l’université de Princeton, l’été 1981, elle a 17 ans. C’est une université essentiellement masculine et blanche : « Les Noirs représentaient moins de 9% de mes condisciples de première année. (…) nous nous rendions compte à présent que nous constituions une anomalie flagrante — des graines de pavot dans un bol de riz. (…) J’avais l’impression qu’on m’avait déposée dans un nouveau terrarium bizarre, un habitat qui n’avait pas été conçu pour moi » (95). Malgré ses grandes facultés d’adaptation et sa puissance de travail, elle ressent cette discrimination et elle s’interroge sur sa valeur réelle : a-t-elle été inscrite pour ses résultats ou parce qu’elle a bénéficié de la discrimination positive ? N’est-elle pas un pion dans « une expérience sociale » ? (103)

Néanmoins l’aspect plus que positif de cette présence à l’université est de rencontrer d’autres Noirs venus d’autres États et d’autres réalités : la Côte Est, Cuba, Porto-Rico, Haïti. Elle n’en reste pas moins extrêmement lucide sur son profil sculpté par les exigences de ses parents : « Comme je l’ai dit, j’étais du genre à vouloir cocher toutes les cases, défilant au pas cadencé – effort/résultat, effort/résultat – adepte convaincue du chemin balisé, pour la bonne raison que personne dans ma famille (Craig excepté) n’y avait jamais posé le pied. Ma vision de l’avenir n’avait rien de particulièrement fantaisiste ; autrement dit, j’envisageais déjà d’entrer en fac de droit » (115). Ces études brillantes sont sanctionnées par un recrutement dans un cabinet d’avocats de Chicago : elle est en quelque sorte lancée sur un chemin tout tracé que va pourtant perturber un jeune stagiaire qu’on lui confie : « A côté de votre nom figure un autre nom, celui d’un étudiant en droit, une grosse tête, très occupé à gravir sa propre échelle. Comme vous il est noir et il sort de Harvard. A part ça, vous ne savez rien de lui – seulement un nom. Et c’est un nom bizarre » (119). Dans le dernier chapitre de la première partie, un portrait se dessine par touches successives. Michelle garde ses distances malgré les avances de Barack : « Plus d’une fois au cours des jours suivants, il m’a exposé toutes les raisons pour lesquelles il fallait que nous sortions ensemble. Nous étions compatibles » (131). La seconde partie raconte la confirmation de leur « compatibilité », leur couple, leur mariage, leurs projets, pas toujours en phase, et donne, bien entendu, plus de détails sur Barack Obama, grand lecteur, organisateur de communautés, ce qui lui a donné une bonne connaissance de la communauté noire de Chicago.

Leur voyage à Nairobi est intéressant car elle y analyse un ressenti perturbé par ce qu’elle a engrangé sur l’Afrique, Terre mère, dans son éducation de Noire Américaine de Chicago, ressenti très différent de celui de son mari : « Barack était davantage dans son élément que moi à Nairobi, où il était déjà venu une fois. Je me déplaçais pour ma part avec la balourdise d’une touriste, consciente que nous étions des étrangers, malgré la couleur de notre peau. Les gens nous dévisageaient parfois dans la rue. Bien sûr, je n’avais pas imaginé m’intégrer immédiatement, mais je pensais naïvement que je ressentirais en arrivant je ne sais quel lien viscéral avec le continent dans lequel mon enfance m’avait appris à voir une forme de patrie mythique, que j’éprouverais un sentiment de complétude. Mais l’Afrique ne nous devait rien. C’est une étrange prise de conscience que cette impression d’entre-deux qui s’empare d’un Afro-Américain en Afrique. Elle m’a inspiré une tristesse indéfinissable, la sensation d’être déracinée sur les deux continents » (195).

Elle s’attarde assez longuement sur ses difficultés à avoir un enfant – ce que de nombreuses femmes peuvent partager –, sur la naissance de ses deux filles. Elle insiste aussi sur ses réticences – pour ne pas dire plus –, quand Barack a le désir de s’engager dans la carrière politique : « Les années m’avaient appris que la politique n’est jamais très douce pour les familles » (247). Elle jongle entre sa vie professionnelle et sa vie familiale d’autant qu’elle doit assumer les nombreuses tâches que nécessite la seconde. Lorsqu’elle accepte un nouvel emploi à l’hôpital de Chicago, elle approfondit sa connaissance du fossé entre Noirs et Blancs et participe à tout un programme d’aide pour la santé : « J’avais vécu presque toute ma vie près de ces barrières – j’avais pu observer l’inquiétude des Blancs de mon quartier, relever les stratagèmes subtils que mettaient en place les gens plus ou moins influents pour prendre leurs distances avec ma communauté d’origine et s’agglutiner au sein d’îlots de richesse qui paraissaient de plus en plus éloignés. Je pouvais désormais m’atteler à détruire au moins une partie de ces cloisons, à abattre les barrières partout où c’était possible – essentiellement en encourageant les gens à mieux se connaître » (252).

A partir de là, Michelle Obama sélectionne les dates-clefs de l’ascension de son mari et le centre de son projet : parler toujours pour « l’intégralité de la société américaine ». Elle garde une grande réticence à entrer dans le monde de « Washington (qui) me déroutait, avec ses traditions bienséantes et son nombrilisme posé, sa blancheur et sa masculinité, ses dames condamnées à déjeuner de leur côté. Au plus profond de ma confusion s’était logée une peur : alors que je n’avais pas choisi d’être mêlée à ça, je craignais d’être irrésistiblement aspirée. (…) Dans certaines sphères du moins, j’étais désormais Mme Obama d’une manière qui pouvait avoir quelque chose de dégradant, une madame entièrement définie par son monsieur » (264).

Si la course à la présidence est semée d’embûches et de pièges mais aussi de leurres sur une Amérique affrontant les démons de son racisme, l’ouragan Katrina souffle comme une tempête. Ta-Nehisi Coates l’écrivait déjà (« Katrina avait couvert de honte la société américaine ») : « C’était une révélation déchirante des fractures structurelles de notre pays, et plus particulièrement de la vulnérabilité effroyable, disproportionnée, des Afro-Américains et des pauvres de toutes origines en cas de catastrophe naturelle. (…) J’ai suivi les informations concernant Katrina l’estomac noué, sachant que si un désastre avait frappé Chicago, un grand nombre de mes oncles et tantes, cousins et voisins auraient subi un sort comparable » (265).

Elle nous fait vivre les aléas de la campagne présidentielle, la candidature pour le parti démocrate en février 2007, les coups durs et le jour du vote, le 4 novembre 2008 : « Nous allions très littéralement livrer notre famille au peuple américain » (276). Barack Obama devient le 44è président des États-Unis : « Nous avions fait le grand saut et, maintenant, il ne restait plus qu’à atterrir – le mieux possible » (327). La troisième partie est en grande partie consacrée à sa fonction de First Lady dont elle savait toute la difficulté car elle réunissait deux qualifiants « première » et « noire » : « Il existe une vieille maxime dans la communauté noire : « il faut être deux fois meilleurs pour aller deux fois moins loin ». En tant que première famille afro-américaine à La Maison Blanche, nous étions perçus comme des représentants des Noirs américains. La moindre erreur de jugement serait amplifiée, dramatisée » (342).

Michelle Obama raconte les visites officielles qui l’ont marquée, en particulier celle à la reine Elisabeth II d’Angleterre et celle à Nelson Mandela. Elle exprime son soulagement lors de la réélection de son mari pour un second mandat en novembre 2012, leur permettant d’achever ce qu’ils avaient entrepris. Avec beaucoup de sobriété mais sans faux semblant, elle raconte la passation de pouvoir avec Donald Trump le 20 janvier 2017. Elle est dure et directe avec le nouveau président mais l’est avec élégance.

 

Il est intéressant aussi de feuilleter l’album de photos, au centre du livre, au fur et à mesure de la lecture, l’image donnant une réalité concrète au récit. Il y a un an, en février 2018, les portraits officiels du couple Obama étaient exposés à la National Portrait Gallery. Barack Obama a choisi Kehinde Wiley, un peintre noir de 40 ans : « Il aime élever les gens ordinaires à travers sa peinture. (…) Ce qui m’a toujours frappé dans ses portraits c’est la façon dont ils remettaient en question notre perception du pouvoir et des privilèges. Sa façon de reconnaître la beauté, la grâce et la dignité des personnes souvent invisibles ». Quant à Michelle Obama, elle a fait appel à Amy Sherald, artiste de 44 ans de Baltimore, qui ne travaille que sur des sujets afro-américains : « Je pense à tous les jeunes, en particulier aux jeunes filles et aux jeunes filles de couleur, qui dans les années à venir viendront dans ce musée et verront une image de quelqu’un qui leur ressemble sur les murs de cette grande institution américaine », a-t-elle déclaré.

Quelques phrases de Devenir sont à retenir avant de se lancer dans la lecture de ces 500 pages — et/ou de (re)lire en écho, La Tache de Philip Roth, Heremakhonon de Maryse Condé, Home et Délivrances de Toni Morrison : « Suis-je à la hauteur ? », « des graines de pavot dans un bol de riz », « C’est une étrange prise de conscience que cette impression d’entre-deux qui s’empare d’un Afro-Américain en Afrique. Elle m’a inspiré une tristesse indéfinissable, la sensation d’être déracinée sur les deux continents », « Il existe une vieille maxime dans la communauté noire :  » il faut être deux fois meilleurs pour aller deux fois moins loin » ».

Michelle Obama, Devenir (Becoming, Crown, 2018), trad. Odile Demange et Isabelle Taudière, Fayard, novembre 2018, 520 p., 24 € 50 — Lire un extrait