La Revue Dernier Carré : « La littérature, avec ses catégories, n’est pas une préoccupation »

En prélude au 28e Salon de la Revue qui se tiendra le 9, 10 et 11 novembre, Diacritik, partenaire de l’événement, est allé à la rencontre de revues qui y seront présentes et qui, aussi vives que puissantes, innervent en profondeur le paysage littéraire. Aujourd’hui, entretien avec Marlène Soreda et Baudouin de Bodinat pour leur étonnant Dernier Carré.

Comment est née votre revue ? Existe-t-il un collectif d’écrivains à l’origine de votre désir de revue ou s’agit-il d’un désir bien plus individuel ? S’agissait-il pour vous de souscrire à un imaginaire littéraire selon laquelle être écrivain, comme pour Olivier dans Les Faux-Monnayeurs de Gide, consiste d’abord à écrire dans une revue ?

– d’un collectif à deux, avec l’idée de bricoler une petite embarcation à bord de laquelle ne pas se laisser emporter par le courant de l’actualité, d’en explorer plutôt quelques bras morts.

Quelle vision de la littérature entendez-vous défendre dans vos différents numéros ? Procédez-vous selon une profession de foi établie en amont du premier numéro ?

– la littérature, avec ses catégories, n’est pas une préoccupation. Dire au mieux ce qu’on à dire c’est déjà beaucoup.

Comment décidez-vous de la composition d’un numéro ? Suivez-vous l’actualité littéraire ou s’agit-il au contraire pour vous de défendre une littérature détachée des contingences du marché éditorial ? Pouvez-vous nous présenter un numéro qui vous tient particulièrement à cœur ?

– quand on a de quoi en faire un, on le fait, sans souci du marché éditorial, sans recherche de subventions ni de renforts extérieurs. Ainsi s’est fait ce numéro 1.

À la création de sa revue Trafic, Serge Daney affirmait que toute revue consiste à faire revenir, à faire revoir ce qu’on n’aurait peut-être pas aperçu sans elle. Que cherchez-vous à faire revenir dans votre revue qui aurait peut-être été mal vu sans elle ?

– plutôt rappeler des formes de sensibilité vouées à l’extinction, sinon déjà éteintes.

Est-ce qu’enfin créer et animer une revue aujourd’hui, dans un contexte économique complexe pour la diffusion, n’est-ce pas finalement affirmer un geste politique ? Une manière de résistance ?

– c’est surtout d’en avoir assez de se faire marcher dessus sans rien dire ; pour autant sans prétendre à la bonne parole.