Pour la libération immédiate d’Ashraf Fayad

Ashraf Fayad

Le poète et artiste palestinien Ashraf Fayad a été accusé et déclaré coupable d’apostasie par le tribunal général d’Abha, en Arabie Saoudite, où Ashraf Fayad résidait. Dans un premier temps, Ashraf Fayad a été condamné à mort. En 2016, cette sentence a été remplacée par un emprisonnement d’une durée de 8 ans – emprisonnement auquel s’ajoute une peine de 800 coups de fouet.

Durant sa détention et au cours de son procès, Ashraf Fayad n’a jamais pu s’entretenir avec un avocat, ce qui est contraire au droit saoudien comme au droit international.

A ce jour, Ashraf Fayad doit encore demeurer près de quatre années en prison et subir quatre cents coups de fouet. Il est évident que ce qui lui est ici imposé est non seulement injuste mais relève d’actes de torture – une torture organisée et perpétrée par l’État saoudien.

L’Arabie Saoudite est depuis de nombreuses années un partenaire privilégié de la France. Aujourd’hui, la France se situe au 3e rang dans la liste des pays investisseurs en Arabie Saoudite. Ainsi, de nombreuses sociétés françaises passent avec le royaume saoudien des contrats qui se chiffrent en milliards d’euros.

L’argent de ces contrats est taché du sang d’Ashraf Fayad.

Comme est taché de ce sang le pétrole que la France achète à l’Arabie Saoudite qui est le premier partenaire de la France pour les importations pétrolières.

Dans des domaines comme l’immobilier, l’hôtellerie, l’art, l’industrie du luxe, l’Arabie Saoudite est un investisseur et une source de revenus non négligeable pour le marché français (plusieurs centaines de millions d’euros).

En 2017, l’Arabie Saoudite a acheté à la France pour 13 milliards d’euros de matériel militaire.

De nombreux partenariats et échanges universitaires, culturels, scientifiques existent entre la France et l’Arabie Saoudite.

La pluralité des liens de toute sorte et les sommes milliardaires qui sont ici en jeu expliquent sans doute le silence de l’État français à l’égard de la situation d’Ashraf Fayad.

Ce silence dit pourtant quelque chose : que l’État français choisit d’ignorer la situation actuelle d’Ashraf Fayad – la violence de son incarcération, la violence des coups qu’il subit, la violation de tous les droits juridiques internationaux et humains qui accompagne cette situation.

Il est évident que les conditions de son incarcération ainsi que les coups de fouet qui lui sont infligés mettent en danger la vie même d’Ashraf Fayadh. Remplacer la sentence de mort par une peine de prison augmentée de 800 coups de fouet n’est qu’un leurre dont personne ne peut être dupe : l’Etat saoudien veut qu’Ashraf Fayad meure.

L’Etat français a-t-il demandé la libération d’Ashraf Fayad ? Non. Emmanuel Macron a-t-il demandé la libération d’Ashraf Fayad ? Non.

Le silence de l’État français et de son « chef » a certainement des motivations économiques. A-t-il également des motivations politiques ? Fermer les yeux devant des actes de torture au nom d’intérêts économiques est-il « notre » politique ? Fermer les yeux devant des actes de torture au nom des nécessités du marché est-il « notre » politique ? Le fait de financer un pays qui massacre un individu est-il « notre » politique ? Le fait de financer un pays qui massacre la liberté de pensée et d’expression est-il « notre » politique ? Le fait d’être parfaitement indifférent à la vie et à la mort d’un individu est-il « notre » politique ?

Nous demandons la grâce et la libération immédiates d’Ashraf Fayad. Nous demandons à Emmanuel Macron d’agir sans tarder pour la libération d’Ashraf Fayad.

Gisèle Berkman, Arno Bertina, Dominique Bry, Laurent Cauwet, Jean-Philippe Cazier, Simona Crippa, Jean-Michel Espitallier, Johan Faerber, Liliane Giraudon, Jean-Marie Gleize, Maël Guesdon, Elisabeth Lebovici, Christine Marcandier, Juliette Mézenc, Jacques-Henri Michot, Jean-Claude Polack, Marie de Quatrebarbes, Kantuta Quiros, Danièle Rivière, Valentin Schaepelynck, Frank Smith.

En faveur d’Ashraf Fayad, est en cours une initiative du PEN Club français relayée par Nicolas Gary.