Un bel été

© Christine Marcandier

Passez un bel été, on m’a dit, j’ai pris l’autoroute, je suis parti loin, partir près, ce n’est pas partir, on m’a dit, sur mon smartphone une appli autoroutière m’a raconté les paysages qui défilaient, elle m’a suggéré des lieux tranquilles et faciles d’accès, pour faire une pause de type nature, culture ou terroir à proximité des sorties, j’ai dormi dans un hôtel référencé par l’appli pour ses repas bio, son éclairage à l’énergie solaire et ses récupérateurs d’eau de pluie, à la mer, il y avait la mer, ma voisine de plage m’a confié qu’elle se sentait « détendue » et « joyeuse », j’ai plongé dans l’océan, j’ai nagé et j’ai pissé dans l’océan, on nageait et on pissait tous dans l’océan, j’ai bien observé les mouettes, elles donnent trois coups d’ailes par seconde, vraiment elles se fatiguent pour voler, à la campagne, il y avait la campagne, au village étaient proposées la sculpture à la tronçonneuse, la création de toiles inspirées et vibratoires, avec V., éleveur passionné, on pouvait toucher les toisons et caresser les chèvres, à la montagne, il y avait la montagne, ça montait en montée, ça descendait en descente, j’ai pratiqué la marche méditée, pour mieux me connaître moi-même en tant qu’humain, j’ai mangé de préférence local, du jambon local, du pays local, de la viande locale, du pays local, des fromages, des légumes et des fruits locaux, du pays local, c’était local, du pays local, je consultais régulièrement « Voyager autrement », une appli collaborative de tourisme équitable et durable, qui permet de soutenir les producteurs, en privilégiant les restaurants et les épiceries en circuit court ou solidaire, j’ai fait du vélo, assis sur la selle, je pédalais et ça avançait, j’ai fait du cheval, toujours assis sur une selle, c’était le cheval qui avançait tout seul, en chiant à jets réguliers, j’ai couru, il n’y avait pas de selle et mes jambes avançaient, l’été a été chaud, quand il faisait chaud, il faisait chaud, le climatique se réchauffait, je me suis purifié l’enveloppe corporelle, en m’enduisant d’un exfoliant à la poudre de coquilles d’huîtres, je me suis purifié l’âme, en ne pensant à rien des heures durant, j’ai regardé la mer, j’ai regardé la campagne, j’ai regardé la montagne, j’ai retrouvé les liens qui nous unissent, nous les humains, à la nature et à l’Univers, et je suis revenu, il a fallu revenir, j’ai repris l’autoroute, passez un bel été, on m’a dit, passez un bel été.