Faits divers à la une (Arte): la tuerie de Jonestown, une apocalypse américaine

La tuerie de Jonestown : une apocalypse américaine © ARTE

Fondée en 1953 aux USA, sous le nom des Ailes de la délivrance, devenue en 1955, sous l’égide du gourou Jim Jones, la secte du Temple du peuple des disciples du Christ, The People’s Temple of the Disciples of Christ, a fait la une de la presse mondiale pour le suicide collectif de ses adeptes le 18 novembre 1978 à Jonestown, en Guyana (Amérique centrale) : elle est le sujet du septième épisode de la série Faits divers à la une diffusée sur Arte.

 

La secte du révérend Jones venait de faire l’objet d’une enquête, menée par le député Leo Ryan, 15 adeptes l’avaient suivi, signant le début d’une hémorragie insupportable pour les leaders de la secte. La garde rapprochée de Jones assassine le député et les traîtres à la cause, puis le gourou organise une grande messe apocalyptique, conclue, en point d’orgue, par le suicide de 908 adeptes. Les médias découvrent progressivement les chiffres sidérants de ce « Cult of death » comme le titre le Times, l’empoisonnement collectif fera en tout 918 morts dont 270 enfants qui ont tous absorbé, volontairement ou sous la menace, un cocktail fatal de limonade, valium et cyanure, par voie orale ou piqûre pour les plus récalcitrants.

L’objet du documentaire est de montrer combien ce fait divers, au-delà de sa monstruosité, est une forme d’imago de l’Amérique au tournant des années 70-80, ce moment où le communiste est l’ennemi naturellement désigné, où les tueries de masse (celle de Charles Manson, entre autres exemples) fascinent médias et public, où des hommes et des femmes, profondément déroutés par le monde comme il va, se donnent corps et âme à des utopies — celle de Jones l’est au sens propre, religieuse et politique, allant jusqu’à l’édification d’une ville nommée d’après le patronyme de son gourou — qui finiront en « suicide révolutionnaire », pour reprendre la terminologie de Jim Jones.
Le modèle communautaire de sa secte est à la fois le continuum (certes délirant) des idéologies fondatrices de l’Amérique, de sa mythologie des pionniers et le contre-modèle de ce que la nation est supposée être devenue, l’empire du mal et du péché.

La tuerie de Jonestown : une apocalypse américaine, collection documentaire d’Emmanuel Blanchard et Dominique Kalifa (France, 2017, 26mn) – Réalisation France Swimberge – Coproduction : ARTE France, Program 33 — samedi 30 septembre 2017, 16 h 55