Les Terriens du Dimanche: art scénique et vieilles rengaines

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Le 10 septembre à 19h, Les Terriens du dimanche ont débarqué sur le plateau du démiurge Ardisson, même plateau, même scénographie, même générique, même lumière, même animateur, mais selon la promesse de l’homme en noir du PAF, « nouveaux » chroniqueurs…

La témérité a ses limites, le casting de LTD n’a rien d’un primeur qu’on découvre avec une gourmandise coupable pour faire comme tout le monde et savoir si le cru annuel aura le goût de banane et de fruits rouges ou avec dédain parce que sa sortie bénéficie souvent d’un plan marketing trop bien huilé. Les Terriens n’échappent pas à la règle. Face à Thierry Ardisson : Natacha Polony, Hapsatou Sy et Raquel Garrido, Franz-Olivier Giesbert, Gilles-William Goldnadel, Jeremstar, Mathieu Madénian. Une palette grand écart, composée de vieux routiers de l’éditorialisme, d’un humoriste avé l’assent, de chroniqueuses assermentées, d’un trublion à la langue bien fourchue et d’une Cyril Eldin en devenir qui agite son micro de députée-journaliste accréditée et insoumise sous les ors de la République dans une si complète confusion des genres qu’elle forcerait presque le respect.

Ce ne sont que les débuts, mais l’on peut déjà égrainer les formules propres à qualifier ce talk-show par avance périmé et aux airs de déjà-vu : « télé popu lisse », « ONPC mâtiné de Grandes Gueules », « produit made in Bolloré qu’a fait du commerce », « sous-Grosses têtes »…

La suite dira si l’émission tiendra la distance mais force est de constater que les premiers sujets racolent sévèrement : Ovoproduits, se faire rallonger le pénis, attaques en série tous déséquilibrés ?, le naturisme à Paris, qui a écrit le Code du travail ?… la formule ressemble à un composite de pastilles de YouTubeurs qui aimeraient bien se voir un jour dans les archives de l’INA.

Mention spéciale à Raquel Garrido qui trouve là une tribune à la mesure de son discours insoumis : elle qui déclarait pendant l’été « Les spectateurs savent très bien d’où je parle » a montré avec force, et au bout de 1 minute 52 secondes seulement, qu’elle pouvait grignoter le temps de parole militant alloué aux politiques sur un média qu’elle critique plus souvent qu’à son tour. Tout en gardant le sourire. Ce qui n’est déjà pas mal.

Las. La morgue de caste de Thierry Ardisson qui règle ses comptes avec Jean-Michel Aphatie (« n’oubliez pas qu’il a été garçon de café ») et son manque avéré d’imagination pour renouveler le genre moisi de l’émission en plateau avec animateurs copains qui déroulent leurs obsessions et agendas personnels enterrent de fait et dès la première sa seule idée originale du dimanche à 19 heures : vouloir être Michel Drucker à la place de Laurent Delahousse.