Jay McInerney : « Je voulais écrire un grand roman panoramique, à la Balzac, mais sur New York aujourd’hui »

Rencontre McInerney Atout Livre © DK

Jay McInerney a passé une semaine à Paris pour la promotion de son dernier roman, Les Jours enfuis, paru le 11 mai aux éditions de l’Olivier, dans la très belle traduction française de Marc Amfreville.
En point d’orgue, une rencontre exceptionnelle avec ses lecteurs, à la librairie Atout Livre, animée par David Rey. Diacritik y était et a pu filmer l’événement.

Jay McInerney a longuement évoqué la construction narrative du cycle Calloway — explicitant la référence fitzgeraldienne et la symbolique de ce nom —, les mutations du couple modèle que forment Russell et Corrine, dans une ville de New York qui n’est pas seulement la toile de fond de la trilogie mais un véritable personnage, permettant une étude sociale et historique d’une certaine Amérique contemporaine.

Il a parlé de Barack Obama, des Kennedy, de Donald Trump qui apparaît dès le premier roman de la saga (Trente ans et des poussières) et sera, il l’a confirmé, la focale d’un quatrième roman à venir. L’écrivain a en effet été frappé de voir combien la manière dont les gens marchaient dans les rues de la ville, aux lendemains de l’élection de Donald Trump, en novembre dernier, pouvait rappeler leurs déambulations hagardes dans les rues de New York après l’effondrement des tours.

Une catastrophe collective est en effet au centre de chacun des livres du cycle Calloway : le sida et les débuts d’une crise financière d’une ampleur inédite dans Trente ans et des poussières ; le 11 septembre 2001 et ses après dans La Belle vie ; les répercussions et répliques du 9/11 mais aussi la crise des subprimes dans Les jours enfuis. La quatrième catastrophe sera l’élection de Trump…

La rencontre a également été l’occasion d’évoquer sa conception du roman, version contemporaine et new-yorkaise de la Comédie humaine de Balzac pour le Paris de son temps, le couple, la crise de la cinquantaine, la place du sexe dans nos vies — quand bien même il est étrange, s’amuse Jay McInerney, « d’expliquer ce genre de choses à des Français ! » — ainsi que son amitié avec Bret Easton Ellis et cet étrange phénomène de rivalité littéraire et transfiction qui lie leurs publications : Alison Poole, personnage de McInerney dans Toute ma vie, s’est vue appropriée par Bret Easton Ellis dans American Psycho puis Glamorama et McInerney est lui-même un personnage de Lunar Park

Très disponible aux questions de David Rey puis de ses lecteurs, Jay McInerney s’est ensuite prêté au jeu d’une longue séance de signature. Voici la captation vidéo intégrale réalisée le vendredi 12 mai 2017 à la librairie Atout Livres, dont la magnifique lecture de la première page de Bright, Precious Days par Jay McInerney (suivie de la lecture de sa version française par son traducteur, Marc Amfreville) :


Jay McInerney, Les Jours enfuis (Bright, Precious Days, 2016), traduit de l’américain par Marc Amfreville, mai 2017, 493 p., 22 € 50 — Lire un extrait en pdf

Retrouvez ici la critique des Jours enfuis
celle consacrée à La Belle vie (The Good Life, 2006)
et celle consacrée à Trente ans et des poussières (Brightness Falls, 1992)