Centenaire Octave Mirbeau (Entretien avec Pierre Michel)

2017 marque le centenaire de la mort d’Octave Mirbeau. De nombreux événements ponctueront cet anniversaire. Entretien avec Pierre Michel, président de la Société Octave Mirbeau et spécialiste de l’écrivain.

Octave Mirbeau a été très reconnu et important à son époque mais il me semble qu’il est aujourd’hui, d’un point de vue historique, un auteur moins mis en avant que d’autres, comme par exemple Zola ou Maupassant. Comment avez-vous rencontré cette œuvre et qu’est-ce qui vous a retenu dans celle-ci ?

Pierre Michel : Effectivement, malgré la variété et la force de son œuvre littéraire, malgré l’actualité stupéfiante de ses combats éthiques et esthétiques, qui expliquent la ferveur ce tous ceux qui le découvrent ces dernières années, Octave Mirbeau est loin d’être reconnu institutionnellement, que ce soit dans les manuels scolaires, où son entrée est très modeste et tardive, dans les histoires de la littérature, où on le classe généralement parmi les « petits naturalistes », et dans les commémorations diverses et variées. L’abstention du Ministère dit de la « Culture », qui n’a même pas apporté son haut patronage, purement symbolique, et n’a accordé aucune espèce d’aide à la commémoration Mirbeau de 2017, est symptomatique à cet égard de l’inertie institutionnelle, voire du boycott dont le grand écrivain est victime. De même que le scandaleux refus du Musée d’Orsay d’accueillir un hommage au chantre de Monet, Rodin, Van Gogh, Pissarro, Cézanne, Camille Claudel, Maillol et Vallotton. Les fonctionnaires de l’art et de la culture, vilipendés par Mirbeau il y a plus d’un siècle, se vengent bassement quand il n’est plus là pour les livrer à la risée de ses lecteurs.

Le Journal d'une femme de chambreAutres symptômes de cet ostracisme institutionnel : le nombre dérisoire de rues portant le nom de l’auteur des Affaires sont les affaires, l’absence totale de lycée Octave Mirbeau, et l’existence d’un seul collège Octave Mirbeau, dans le village de Trévières, où il n’a fait que naître, alors que le conseil départemental de l’Orne vient de nouveau de refuser de baptiser de son nom le collège de Rémalard, le bourg du Perche où il a passé toute sa jeunesse et qu’il évoque dans nombre de ses contes et de ses romans…

Il y a à cela une explication simple : un siècle après sa mort, Octave Mirbeau continue de déranger. Zola pouvait choquer par sa transgression des bonnes mœurs littéraires, qui lui ont longtemps fermé la porte des lycées et des universités, jusqu’au début des années 1960, mais c’était un bon bourgeois qui gérait tranquillement sa carrière et son capital littéraire, qui accumulait des rentes, qui aspirait à la reconnaissance officielle – Légion dite « d’honneur », Académie, etc. – et qui, jusqu’à « J’accuse », ne constituait en aucune façon une menace pour l’ordre bourgeois. Maupassant encore moins, qui se tenait à l’écart des luttes politiques et sociales et que son pessimisme ne prédisposait aucunement à l’engagement.

Le cas Mirbeau est totalement différent. Car, après ses années de prolétariat de la plume, quand il entreprend d’écrire pour son propre compte et de défendre ses propres valeurs, il fait de sa plume une arme au service de ses idéaux et il entre totalement en dissidence par rapport aux institutions, qu’il ne cessera plus de démystifier et de vouer au ridicule qui tue. Mirbeau, c’est du vitriol, ou de la dynamite. Et son arme la plus efficace est la dérision, qui vise à désacraliser et démystifier les hommes respectés, que ce soit pour leur pouvoir, leur richesse ou leur réussite sociale, les institutions supposées respectables et dûment sacralisées, telles que l’Armée ou l’Institut, l’Église ou la Justice, et les fausses valeurs consacrées, telles que le patriotisme ou les décorations, le suffrage universel ou les millions d’Isidore Lechat. Elle tend à les faire apparaître sous un jour nouveau, grotesque et risible, qui les discrédite radicalement et fissure leur façade de respectabilité, qui sert à aveugler les naïfs et qui les amène, contre leur propre intérêt, à se soumettre. L’objectif de Mirbeau est d’obliger à voir ce que « les aveugles volontaires » refusent de regarder en face, par paresse, par pusillanimité, par peur d’être mal vus, ou pour ne pas troubler leur digestion et leur bonne conscience. Il nous fait pénétrer dans les coulisses peu ragoûtantes du theatrum mundi et nous fait découvrir, à travers le regard étranger de la domestique, de la prostituée, du vagabond ou du fou, la réalité nauséabonde du « beau monde ».  Évidemment, après sa mort, tous ces gens qu’il avait « dépiédestalisés » et fait trembler de son vivant, tous ces défenseurs d’un ordre inique et aliénant qu’il n’a cessé de stigmatiser, ont eu tout loisir de se livrer aux délices de la vengeance…

Les accusations lancées contre le grand démystificateur sont très diverses. On l’a accusé d’être un palinodiste, parce qu’il a évolué ; un incohérent, parce qu’il n’a jamais caché les contradictions qui sont dans les êtres et les choses ; et un excessif, toujours porté à exagérer, comme si les horreurs du siècle écoulé n’étaient pas infiniment pires que tout ce qu’il avait décrit et imaginé. On a aussi tenté de dénaturer son message et d’empêcher nombre de lecteurs de bien le comprendre, en l’embrigadant parmi les naturalistes, alors qu’il voyait dans le naturalisme zolien la plus grave erreur en matière d’art et de littérature, ou en faisant de lui un auteur érotique, alors que toute son œuvre nous peint la sexualité comme un piège tendu par la nature. Enfin, coup de grâce suprême, il y a l’infamie du faux testament patriotique, concocté par le renégat Gustave Hervé et publié dans l’exécré Petit Parisien cinq jours après la mort du grand écrivain qui, aux dires de ses détracteurs, se serait renié à la veille de sa mort, sans que les protestations scandalisées de ses amis eussent pu être rendues publiques.

En ce qui me concerne, c’est en décembre 1966 que j’ai déposé, à la Sorbonne, un sujet de thèse sur l’œuvre d’Octave Mirbeau. Mais à l’époque je ne le connaissais guère que de réputation et je voyais en lui un révolté et un écrivain engagé et transgressif, que je supposais donc de nature à me plaire. Mais j’étais bien jeune alors et ne connaissais pas encore grand-chose de la vie. Il m’a fallu des années – plutôt des décennies ! –  d’expériences multiples et de toutes natures, dont certaines fort douloureuses, y compris l’engagement politique et l’exploration du monde en routard sac au dos, pour que je me débarrasse peu à peu des préjugés inculqués par des étiquetages réducteurs ou infamants et que je découvre la richesse, la profondeur et l’actualité d’une œuvre qui n’a pas pris une ride. Et qu’un nombre croissant de lecteurs découvrent avec ferveur.

Quelles seraient les principales caractéristiques de l’œuvre diverse de Mirbeau ?

Mirbeau se trouve confronté à des choix difficiles pour un écrivain professionnel vivant de sa plume. D’un côté, il lui faut écrire, et même écrire beaucoup, car sa plume est à la fois un gagne-pain et une arme au service de ses combats en faveur des opprimés et des artistes de génie. Et, en même temps, il est parfaitement conscient des faiblesses inhérentes au journalisme, dont il connaît les dessous peu ragoûtants, à l’édition, aux institutions culturelles, au marché de l’art et aux genres littéraires encore en vigueur, mais déjà entrés en crise. Il est de surcroît allergique aux écoles, aux manifestes et aux étiquettes et renvoie dos à dos le naturalisme et le symbolisme, également incapables de saisir et d’exprimer la vie. Comment faire de la littérature en toute conscience de ces multiples obstacles ?

Mirbeau Le CalvairePour lui, le roman, qu’il se prétende réaliste ou se pique de psychologie, est un genre vulgaire et artificiel, perclus de conventions, et qui a fait son temps. Quant au théâtre, où, à l’en croire, on joue la même pièce, avec les mêmes ficelles, depuis trente ans, il en proclame la mort pendant plus d’un quart de siècle, avant de céder aux sirènes de Sarah Bernhardt, puis de Jules Claretie, et d’y triompher ! Il est donc perpétuellement déchiré entre la nécessité d’écrire et le dégoût de la littérature, entre la volonté de renouveler le roman et de rénover le vieux théâtre, tout en sachant que des compromis, voire des compromissions, seraient inévitables, pour pouvoir être édité ou joué. Il est donc toujours déchiré par la conscience de n’avoir pas été assez loin et la crainte d’en avoir, malgré tout, trop fait.

Dans le domaine du roman, il a évolué. Dans une première phase, où il ne publie pas sous son nom, il fait ses armes et ses gammes et respecte globalement la structure commode du roman-tragédie. Quand il fait paraître ses premiers romans signés, en partie autobiographiques, et qu’il découvre Tolstoï et Dostoïevski, il hésite entre plusieurs modèles et s’émancipe progressivement, en tâtonnant, du moule du roman prétendument réaliste. Mais après Sébastien Roch (1890), où il transgresse un tabou qui a duré encore plus d’un siècle – le viol d’enfants et adolescents par des prêtres – et qui a été, pour cette raison, victime d’une véritable conspiration du silence, il renonce à toute velléité de réalisme et de finalisme et contribue à la mise à mort du roman du XIXe. Il renonce à toute intrigue et aux héros de roman, auxquels il finit par substituer son automobile (La 628-E8) et son chien (Dingo) : il recourt au collage de textes qui n’étaient pas destinés à voisiner ; il met en  pleine lumière les artifices auxquels il a recours ; et ne reculant pas devant l’autodérision, il inaugure l’autofiction avant la lettre. S’il fallait à tout prix essayer de ranger, dans des catégories, un écrivain aussi inclassable, il serait à situer entre l’impressionnisme de Monet et l’expressionnisme de Van Gogh, le tout mâtiné de Rodin, à qui il emprunte les procédés du collage et de la fragmentation.

Au théâtre, après la tentative de tragédie prolétarienne et nihiliste des Mauvais bergers (1897), où il a dû faire, contre son gré, beaucoup trop de concessions aux ficelles du théâtre, il renoue avec la tradition moliéresque de la grande comédie de mœurs et de caractères (Les affaires sont les affaires et Le Foyer), tout en ouvrant la voie, dans ses Farces et moralités, au théâtre didactique de Brecht et au théâtre de l’absurde de Ionesco. Si Les Affaires est toujours d’actualité par son thème, la forme en est classique, alors que le recours à la farce et à la moralité, genres anciens qu’il subvertit dans ses pièces en un acte, est tout à fait moderne.

Selon vous, qu’a apporté cette œuvre de nouveau à la littérature ?

Octave Mirbeau se distingue de la masse des autres écrivains de son temps – et du nôtre – dans la mesure où il ne fait pas de la littérature un champ à part, préservé des pollutions du temps, où l’écrivain se livrerait, solitairement et en toute gratuité, aux joies et aux angoisses de la création. Mirbeau est pleinement de son temps, il est mêlé à toutes les grandes batailles qui s’y livrent, ses valeurs et ses idéaux concernent l’homme et la société dans leur ensemble, et la littérature n’est qu’un moyen parmi d’autres, mais essentiel, pour permettre aux sociétés de progresser sur la voie de la justice et aux hommes sur celle de la vérité. L’écrivain tel qu’il l’entend n’est pas un simple assembleur de mots, ni un vulgaire utilisateur de conventions romanesques et théâtrales qui ont fait leurs preuves, ni le fabricant d’un produit adapté au marché : il est un citoyen à part entière, indigné et révolté, solidaire de l’ensemble des opprimés, et qui a pour devoir de contribuer, avec ses moyens propres, à l’émancipation des esprits et au progrès social. L’écrivain à la Mirbeau n’est pas un gourou, ni un savant, il ne prétend pas posséder les clés de l’univers, ni apporter des solutions toutes faites aux problèmes des sociétés, mais il a pour mission de dévoiler tout ce qui est hypocritement camouflé et d’obliger ses lecteurs à « regarder Méduse en face » en leur faisant partager, le temps d’une lecture, une vision des êtres et des choses radicalement différente de celle qui leur a été inculquée.

Mirbeau Les hommes du jourCela implique que sa création littéraire n’est pas davantage séparable de sa forte personnalité. Elle apparaît comme un filtre à travers lequel sont perçus les êtres et les choses, qui se retrouvent du même coup quelque peu déformés dans le sens de la caricature et de l’exagération. Pas seulement pour des raisons pédagogiques, afin de  ridiculiser ses cibles et de casser leur image de respectabilité, mais aussi parce que Mirbeau exprime ainsi son obsession-fascination de l’universelle laideur : il met en œuvre une espèce d’esthétique de la laideur pour mieux mettre en lumière la laideur générale du monde, et aussi, peut-être, pour évacuer son trop plein d’indignation et de souffrance exacerbée. Neurasthénique, comme le narrateur des 21 jours d’un neurasthénique (1901), il projette sur le monde ses propres obsessions d’une manière qui confine à l’expressionnisme et qui joue en même temps un rôle cathartique. L’exagération des mots qui le vengent – et qui nous vengent par la même occasion – contribue visiblement à atténuer le poids écrasant des maux.

C’est là un autre aspect du caractère presque unique de la littérature mirbellienne : lors même que son œuvre est d’un pessimisme noir, qui confine parfois au nihilisme, par la magie jubilatoire des mots et le recours à l’humour noir ou à la dérision, il parvient à nous faire rire.

Chez quels auteurs actuels ou passés verriez-vous une certaine filiation avec son œuvre ?

Mirbeau a ouvert des voies où nombre d’auteurs se sont engouffrés, sans qu’on puisse dire pour autant qu’ils soient ses héritiers. Dans des genres et des orientations politiques et littéraires  très différents : Kafka, Barbusse, Dorgelès, Céline, Ionesco, Marcel Aymé, Anouilh, Dario Fo, Pinter, etc.

Son continuateur quasiment officiel a été Léon Werth, qui, pour autant, aurait récusé à juste titre l’appellation de disciple. Celui qui, après Mirbeau, a incarné le mieux la figure de l’intellectuel éthique, c’est évidemment le libertaire Albert Camus, mais il n’avait pas le même penchant pour la caricature. Sartre partage la nausée de Mirbeau, existentialiste avant la lettre, et s’emploie lui aussi à la faire partager à ses lecteurs, choc pédagogique face à la laideur des hommes et à l’horreur de leur condition, mais Mirbeau n’aurait sans doute pas apprécié certains de ses engagements et aurait été allergique à un certain type de discours philosophique abstrus.

Dans la littérature contemporaine, dont je n’ai malheureusement qu’un aperçu très insuffisant, je suis très mal placé pour dire s’il est des écrivains susceptibles de se réclamer de Mirbeau ou d’être rangés dans la filiation du grand Octave. Je note cependant que Leila Slimani, qui a reçu le dernier Prix Goncourt, parle élogieusement de lui, sans qu’on puisse pour autant la considérer comme une héritière.

Luis Buñuel, Le journal d'une femme de chambre
Luis Buñuel, Le journal d’une femme de chambre

2017 marquera le centenaire de la mort d’Octave Mirbeau. Quelles seront les principales manifestations qui accompagneront cet anniversaire et en particulier celles organisées par la Société Octave Mirbeau que vous présidez ?

C’est en effet la Société Octave Mirbeau qui, depuis plus de trois ans, prépare la commémoration Mirbeau de 2017, sans le moindre soutien ni la moindre aide du Ministère de la Culture, ni d’aucune instance régionale, ni d’aucune institution culturelle de notre doux pays. Petite association loi 1901, la Société Mirbeau a donc dû faire avec les modestes moyens du bord et beaucoup d’huile de coude et est néanmoins parvenue à ce qu’un hommage international soit rendu à l’auteur du Journal d’une femme de chambre, grâce à son réseau de correspondants, d’une part, et, d’autre part, grâce à l’effet produit par la mise en ligne gratuite de toute son œuvre et à l’audience stupéfiante du monumental Dictionnaire Octave Mirbeau qui en arrive à 684 000 visites.

La commémoration Mirbeau comprend  une importante partie universitaire, qui comporte diverses publications et de nombreux colloques et journées d’étude, par exemple au Palais du Luxembourg le 27 janvier, à Morlaix le 11 février, à Lódz, en Pologne, le 17 mars, à la Sorbonne le 25 mars, à Angers le 31 mars et le 1er avril, à Debrecen, en Hongrie, etc. Parmi les publications, outre le n° 24 des Cahiers Mirbeau, signalons une publication autour de Dingo, de l’Université Libre de Bruxelles, un numéro Mirbeau de Studi francesi, un numéro Mirbeau de la revue néerlandaise De AS et un numéro Mirbeau de la revue littéraire maghrébine, L’Ivrescq. L’Argentine, le Brésil, les États-Unis, l’Allemagne, la Serbie, le Monténégro, la Grèce et le Cameroun ne seront pas absents des festivités mirbelliennes, qui ont vraiment pris une dimension mondiale. Pour sa part, la Société Mirbeau organise trois de ces colloques – Palais du Luxembourg, Morlaix et Angers – et participe en tant que telle à deux autres : Chicago et Grenade. Et ce sont des adhérents de notre association qui sont aux manettes à la Sorbonne, à Lódz et à Debrecen.

Il convient également de signaler les diverses créations, ou reprises, théâtrales, un peu partout en France, et, au premier chef, la création, à Bertrix, au Luxembourg belge, le 19 janvier, de Rédemption, ou la folie du toujours mieux, l’oratorio théâtral d’Antoine Juliens, d’après des romans et des personnages de Mirbeau. C’est la Société Mirbeau qui a encouragé et permis cette création, qui a recueilli l’argent nécessaire et qui édite, à son compte, le livret, chez l’éditeur Weyrich. Elle a aussi permis la création, à Angers, de la lecture spectacle De l’épidémie à la grève, et a contribué à celle de L’Épidémie et de Mémoire pour un avocat, en Normandie. Elle est aussi partie prenante des trois spectacles Mirbeau de Bretagne –  par deux compagnies de Lorient et une du Finistère – et des Farces et moralités, qui vont être montées par la troupe de Triel-sur-Seine. Les autres créations ou reprises, notamment celles des Affaires sont les affaires, sont indépendantes de notre association, mais se situent dans le cadre de la commémoration.

La Société Mirbeau a aussi investi une bonne partie de ses ressources financières dans trois projets cinématographiques. D’une part, deux projets de documentaires, l’un d’Émilien Awada et l’autre de Laurent Canches. Et, d’autre part, une libre adaptation de L’Abbé Jules par Shirel Amitay et Laurent Canches. Le travail préparatoire a été réalisé et les dossiers ont été déposés. Mais, pour l’heure aucun de ces projets n’a abouti, et l’indifférence des chaînes publiques est grandement à déplorer.

Un mot, pour terminer, sur d’autres indifférences encore plus déplorables. La Comédie-Française, qui a connu son plus grand succès du siècle avec Les affaires sont les affaires, n’a pas voulu monter de pièce de Mirbeau et n’a pas daigné présenter une conférence gratuite sur le dramaturge de son répertoire, dont les deux grandes comédies sont pourtant liées étroitement à son histoire : la suppression du comité de lecture, à l’occasion des Affaires sont les affaires, et son rétablissement, après la bataille du Foyer. Plus grave et inquiétant encore est le refus du Musée d’Orsay d’organiser un hommage à Mirbeau, qui fut le chantre attitré de tous les grands génies de la peinture et de la sculpture modernes dont les œuvres sont présentées au musée et attirent les foules du monde entier. Dans toutes ces abstentions, le silence assourdissant du Ministère de la Culture a dû jouer son rôle. Heureusement trois institutions culturelles sont néanmoins partie prenante : le Musée Rodin, qui organisera à l’automne une petite exposition Mirbeau ; la B.N.F., qui présentera deux soirées consacrées à Mirbeau, le 4 octobre et le 13 décembre ; et l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique, qui prévoit une journée d’étude en novembre ou décembre.

Site de la Société Octave Mirbeau

Listes des manifestations autour d’Octave Mirbeau durant 2017

Dictionnaire Mirbeau