April 25, 2014 (Fifty-Three Days, journaux américains, 8)

© Franck Gérard

LOS ANGELES /day eight.

Il est minuit ; les forces me manquent pour vous écrire. Tôt, je pars marcher. Déjà, le soleil brûle mes yeux, ma peau, mais je ne peux pas prendre de lunettes de soleil sinon l’impossibilité de voir naît. « What a day, Aujourd’hui ! », mais comme chaque jour de ma vie.

Je suis sans le savoir à Little Armenia et vois tous ces drapeaux, ces personnes arborant des T-Shirt avec cette date : « 1915 ». Au début, je pense à un quelconque match de baseball, quelque part, et puis demande à une famille. Ils me disent qu’ils célèbrent le jour du génocide arménien. Il y a des milliers de personnes ; et je shoote de-ci de-là.

Après je commence à explorer Los Feliz, mais c’est trop, je ne pourrai pas ; il faudrait des heures voire des jours dans ces rues. Je redescends des collines ; me retrouve dans un quartier pauvre. Je dépasse trois types ; trop tard ! Je sens qu’ils m’ont repéré. Ils me suivent, l’un d’eux me dépasse et je comprends qu’ils vont adopter la technique du « serrage ». Un devant, deux derrière ; ils se rapprochent, ils ont vu mon appareil photo. Je repère un hôtel où se trouve un agent de sécurité. Je stationne de façon « piétonnière », si je puis dire (« As a pedestrian ») à cet endroit ; ils s’arrêtent et nous nous fixons et chacun de notre côté ; comprenons l’impossibilité de notre rencontre ; et tant mieux (!), en tous cas pour moi.

Je continue.

De loin, je vois un homme maquillé ; un clown. Il approche, je le shoote ; il me dit hello. Je m’aperçois, et me trouve totalement halluciné par ce fait, que son maquillage n’en est pas un. C’est un tatouage ! Son visage, son être est clown. Puis j’arrive sur Hollywood Boulevard là où il y a les étoiles des stars ; complètement par hasard parce que je suis seulement mes pas ; et un peu ma tête ; mais surtout mes yeux, en fait. Évidemment je ne peux m’empêcher de lire les noms, de temps en temps. Il y a des étoiles vides qui attendent le leur. Sur l’une d’elles, un quidam a marqué au feutre noir « Johnny Hallyday » et cela me fait rire.

Plus tard, je me retrouve à l’ouverture de Paris Photo L.A. ; tu regardes à côté de toi et L.A. ; il y a Brad Pitt ou Jodie Foster… ; tu discutes avec eux, comme ça, et c’est quand même bizarre. Tu es juste à Los Angeles, c’est tout ; rien de moins, rien de plus ! D’une conversation à l’autre ; d’un homeless à une star. Étrange, non ?

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