Elie Wiesel (1928-2016): « le passé vit dans le présent »

L’écrivain Elie Wiesel est mort aujourd’hui. Né en 1928 en Roumanie, naturalisé américain à la fin des années 60, il avait été déporté en mai 1944, à Auschwitz puis Birkenau. Il avait 15 ans. Rescapé des camps, où il perd une grande partie de sa famille, il écrira La Nuit, récit de sa déportation, de la survie, de l’indicible.

Dans une préface datée de 1983, il affirme que s’il n’avait eu « à écrire qu’un seul livre, ce serait celui-ci. De même que le passé vit dans le présent, tous mes livres qui ont suivi La Nuit, en un sens profond, en portent sa marque, et cela vaut également pour ceux qui traitent de thèmes bibliques, talmudiques ou hassidiques : On ne les comprendra pas si on ne l’a pas lu. Pourquoi l’ai-je écrit ?

Pour ne pas devenir fou ou, au contraire, pour le devenir et ainsi mieux comprendre la folie, la grande, la terrifiante, celle qui avait autrefois fait irruption dans l’histoire et dans la conscience d’une humanité oscillante entre la puissance du mal et la souffrance de ses victimes ? »

« Ayant survécu, il m’incombe de conférer un sens à ma survie. Est ce pour dégager ce sens-là que j’ai mis sur le papier une expérience où rien n’avait de sens ? »

Toute l’œuvre d’Elie Wiesel — romans, théâtre, essais — est mémoire et témoignage. Il a reçu le prix Nobel de la Paix en 1986.