Invitant son lecteur à l’étude psychanalytique d’une œuvre d’exception – celle de Léonard de Vinci – Freud écrit : « Lorsque la recherche médicale sur l’âme, qui d’ordinaire se contente d’un matériel humain médiocre, aborde l’un des Grands du genre humain, elle n’obéit pas pour autant aux motifs qui lui sont si fréquemment imputés par les profanes. Elle ne tend pas à ‘noircir ce qui rayonne, ni à traîner le sublime dans la poussière’ ; réduire la distance entre cette perfection-là et la déficience de ses objets habituels ne lui procure aucune satisfaction. Mais elle ne peut faire autrement que trouver digne d’être compris tout ce qui se peut reconnaître chez ces modèles, et elle estime qu’il n’est personne de si grand que ce lui soit une honte d’être soumis aux lois régissant avec une égale rigueur les conduites normales et morbides ». Autrement dit : tous les hommes, même les génies, ont été des bébés. Réduire la distance signifie alors pour le psychanalyste ne pas se laisser impressionner par l’exception et revenir aux débuts, dans l’enceinte formée par la mère et l’enfant.