Into The Groove (2) : Rihanna / Maissiat / Frankie Cosmos

Rihanna
Rihanna

Rihanna : Work

Work Work Work Work Work Work. Non, le dernier morceau de Rihanna n’est pas un plaidoyer en faveur de la réforme du code de travail mais plutôt la tentative de la chanteuse, au travers de l’album ANTI dont il s’agit du premier extrait, d’obtenir la reconnaissance artistique qui lui manque tant. Elle avoue elle-même vouloir faire des disques qui marquent l’histoire pour autre chose que leur chiffre de ventes. Ses 7 (!) albums précédents en 10 ans collectionnaient certes les tubes mais soyez francs, aviez vous écouté les autres morceaux ?

Indissociable de son « art », son plan marketing pour y accéder est quelque peu étrange, légèrement inspiré du geste punk de Beyoncé en 2013. Oui, puisque le capitalisme l’emporte de toute façon et qu’après 50 années de rock’n’roll on peut estimer que tout a été fait pour choquer le bourgeois, l’acte le plus rebelle qui soit musicalement dans les années 2010 est de déroger au conformisme du marketing et d’en détourner les codes. Comme, par exemple, sortir un album un matin de décembre sans avoir prévenu personne, et d’en vendre donc des millions aux curieux abasourdis par la surprise, avec comme ultime transgression de proposer un contenu radical et non formaté mettant pour une fois critiques et grand public d’accord.

Avec Anti, je ne suis pas sûr que Rihanna ait acquis le niveau d’immortalité espéré mais sa mise en ligne exclusive, soudaine et sans annonce préalable — après des mois d’attente quand même — sur Tidal et sa gratuité au 1er million de gens qui souhaitaient le téléchargement (geste de générosité poussé, dit-on, par la mise en ligne des chansons par un petit malin une heure après leur apparition sur le site de streaming) a eu pour effet collatérale que cet opus soit écouté de bout en bout. Et la surprise est de taille : des chansons moins commerciales, à la manière du dernier Queen B, un son électro-urbain, minimaliste et hypnotique (ce single en est le parfait étendard) sur les deux premiers tiers et une dernière partie avec de poignantes ballades pas mièvres du tout, reprenant même un titre (à l’identique) des très hipters Tame Impala, le tout étant d’une cohérence maitrisé. Bravo.

Rihanna, ANTI, Def Jam, 2016

Maissiat : Avril

Plus Françoise Hardy que jamais, Maissait annonce Grand Amour pour le mois de mars avec un single qui s’appelle Avril. Inspiré également de Véronique Sanson, elle avait redonné ses lettres de noblesse à la dite variété française avec un premier album Tropiques, paru en 2012, avec ses ballades : le piano et sa voix prédominent dans son univers — terme galvaudé par les innombrables télé crochets — romantique, donc un peu triste, à souhait. Mais on me chuchote qu’on pourra aussi taper du pied sur ce deuxième album. Ça tombe bien : j’adore ça et j’ai hâte. Maissiat sera en concert au Carreau du Temple le 11 avril et le 11 mai 2016.

Maissiat, Grand Amour, sortie le 18 mars 2016

Frankie Cosmos : Next Thing

Elle est new-yorkaise. Elle s’appelle Greta. Elle a 21 ans. Elle est la fille de l’acteur Kevin Kline. A 11 ans, elle figurait déjà au générique d’un film — Les Berkman se séparent de Noah Baumbach — et il s’agit déjà de son deuxième album. Ceci évacué, il suffit de fermer les yeux et d’écouter ses chansons pour immédiatement ressentir et visualiser en panorama l’atmosphère troublante et mélancolique décrites dans tous ces livres, séries ou films américains qu’on adore qui traitent du douloureux et tendre stade de l’adolescence. En témoigne ce Sinister, qui à l’image de sa chanteuse aux chemises à carreaux évoque les années post grunge et les Moldy Peaches, et qui fait de son coté cheap et D.I.Y. un atout de taille. D’ailleurs, ça marche très bien puisque je serai à l’Espace B le 17 mai 2016 pour l’applaudir.

Frankie Cosmos, Next Thing, sortie le 1er avril 2016