Bande dessinée : des prix sans frontières

Zeina Abirached, Le Piano oriental, Casterman

Novembre, c’est le mois des prix, et il n’y a pas de raison que la bande dessinée s’efface derrière les Médicis, Goncourt et autres Décembre. LastMan, Ô nuit ô mes yeux et Le Piano Oriental viennent d’être primés hors de nos frontières.

LastMan de Balak, Mickaël Sanlaville et Bastien Vivès a reçu le Prix de la Meilleure Série 2015 dans le cadre du prestigieux Festival International de la bande dessinée de Lucca (Italie). Plus grand festival de bande dessinée d’Europe et d’Italie et deuxième plus grande manifestation entièrement consacrée au 9ème art du monde après le Comiket à Tokyo, le Festival de Lucca a donc distingué Casterman et son trio d’auteurs.

Lastman

Déjà primé au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême en janvier 2015 (meilleure série) et avant cela au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil. Publié à l’origine sous forme de webtoon sur Internet, LastMan n’en finit pas de faire une brillante carrière, accumulant les récompenses, adapté en jeu vidéo et objet d’une exposition au Festival d’Angoulême en 2016.

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Le prix Phénix de Littérature 2015, décerné depuis 1996 au Salon du livre de Beyrouth à un écrivain libanais francophone ou à un auteur francophone écrivant sur le Liban, a été attribué à Lamia Ziadé pour Ô nuit ô mes yeux et à Zeina Abirached pour Le Piano Oriental.

Envoutant roman graphique tout en sonorités et en parfums paru chez P.O.L, Ô nuit ô mes yeux raconte Le Caire, les poètes et les imams, les casinos et l’alcool. On y croise des Cheikhs, des banquiers et des actrices. Lamia Ziadé nous emporte de Beyrouth au Caire, de Damas à Jérusalem, dans un monde révolu, celui de la première moitié du XXè siècle, quand l’Orient chantait, dansait, et l’auteur livre une peinture sensible, des portraits de femmes, des destins qui s’entrecroisent en marge de l’histoire.

Piano Oriental

Œuvre singulière, poétique, Le Piano Oriental raconte l’histoire d’Abdallah, arrangeur de pianos qui rêve d’inventer un instrument se rapprochant des sonorités orientales dans le Beyrouth des années 60. Puisant dans son histoire familiale, Zeina Abirached a réalisé un conte au dessin tout en volutes et en expressivité, aux frontières de l’onirisme. Dans une veine parfois surréaliste qui rappelle Persepolis de Marjane Satrapi, Le Piano oriental retrace magnifiquement la rencontre de deux cultures, l’orientale et l’occidentale, et un destin brisé par la guerre civile.

LastMan, de Balak, Mickaël Sanlaville et Bastien Vivès. 7 tomes parus, Casterman. La page Facebook de la série ici.
Lamia Ziadé, Ô nuit ô mes yeux, éditions P.O.L, 576 p., 39 € 90 — Lire un extrait en ligne
Zeina Abirached, Le Piano oriental, Casterman, 232 p. N&B, 22 €